LES TRAITEMENTS RÉVOLUTIONNAIRES. L'ère de la médecine régénérative

Puisqu'un organe s'est développé une fois dans le corps humain, pourrait-on répéter le processus ? C'est l'idée poursuivie en remontant à la première cellule qui lui a donné naissance. Une piste de recherche extraordinairement foisonnante dont des patients tirent déjà les premiers bénéfices.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°908, daté octobre 2022.

C'est un rêve de chercheur devenu réalité, dûment récompensé par le prix Nobel de médecine en 2012 et reposant sur les travaux de Shinya Yamanaka, de l'Université de Kobé (Japon) : il est devenu possible de reprogrammer génétiquement n'importe quelle cellule adulte du corps (peau, muscle… ) pour la rendre "pluripotente", c'est-à-dire capable de se multiplier à l'infini et de se différencier dans tous les types de cellules qui composent un organisme adulte. Cette prouesse scientifique doit permettre à terme de réparer un organe lésé ou vieillissant, d'en créer un de novo en laboratoire (et peut être un jour pallier la pénurie d'organes), mais aussi de comprendre les fins mécanismes des pathologies pour mieux les guérir ou encore tester l'efficacité de molécules potentiellement thérapeutiques.

Telles sont les nombreuses promesses des cellules souches, un formidable outil de recherche biomédicale en plein essor. Leur histoire a commencé en France au cours des années 1960 dans la lutte contre certains cancers du sang (leucémies, lymphomes…) avec des greffes de cellules souches adultes, celles dites hématopoïétiques et issues de la moelle osseuse. Réalisées par l'équipe du Pr Georges Mathé en 1958, elles sont depuis longtemps passées en routine et ont guéri des centaines de milliers de personnes dans le monde.

C'est encore en France qu'a eu lieu en 1988, face à une anémie rare, une première mondiale : une greffe de cellules de sang de cordon ombilical, en alternative à la greffe de moelle osseuse. Mais la découverte en 1988 des cellules souches embryonnaires (CSE), issues d'embryons surnuméraires (c'est-à-dire non utilisés par un couple ayant abandonné son projet de fécondation in vitro), puis en 2006 celle des cellules pluripotentes (IPS pour induced pluripotent stem cells) par Shinya Yamanaka ont bouleversé la donne. Aujourd'hui, si le Japon, incontestable pionnier dans ce do[...]

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