« Tragédie française » : une économie sacrifiée

François Lenglet, éditorialiste à TF1-LCI et RTL. Dernier ouvrage paru : « Combien de temps ça va durer ? » (Plon). - Credit:Stevens Tomas/ABACA
François Lenglet, éditorialiste à TF1-LCI et RTL. Dernier ouvrage paru : « Combien de temps ça va durer ? » (Plon). - Credit:Stevens Tomas/ABACA

La dérive française sur les dernières décennies se mesure avec deux chiffres. Entre 1980 et 2023, notre dette publique a été multipliée par plus de cinq, en valeur réelle, progressant de 20 % à 112 % du PIB. Sur la même période, le nombre de fonctionnaires pour 1 000 habitants est passé de 70 à 84. Indépendamment de l'augmentation de la population, la France publique a donc accru ses effectifs d'un cinquième.

Pour autant, l'école, l'hôpital et la police ne fonctionnent pas mieux qu'avant – que le lecteur pardonne cet euphémisme. Gâchis d'argent ? Difficultés croissantes de la mission du service public ? Là n'est pas l'explication principale. Le paradoxe que ressentent tous les Français provient de l'extraordinaire progression de la redistribution, qui a dévoré les moyens de l'État au détriment des services publics. Une bonne partie de la dette accumulée a été consumée non pas dans des investissements, mais dans les innombrables allocations, aides et soutiens divers, qui eux-mêmes ont été dépensés dans les supermarchés aux rayons remplis de produits fabriqués à l'étranger. Déficit public et déficit commercial ont ainsi avancé à l'amble, se creusant au fil des quatre dernières décennies. Pour aboutir au sommet du saugrenu : un bonus de 25 euros pour faire recoudre la doublure d'un vêtement, sur fonds publics, introduit par une loi de 2020. Ou une subvention de 15 euros pour faire réparer sa perceuse-visseuse.

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