Comment le trafic de drogue a envahi Rennes

Il était 22 heures mardi soir quand des coups de feu ont été entendus dans le quartier de Maurepas, au nord de Rennes. Deux hommes de 29 et 34 ans, présents sur la place du Gros Chêne, succombent à ces tirs mortels au pistolet mitrailleur. Un troisième est blessé. L'hypothèse du réglement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants est envisagée.

"Rennes est malheureusement devenue violente, ça fait bien des années que ce n'est plus une ville paisible", tranche David Lebeau, secrétaire régional Bretagne Unité SGP Police FO.

"Le trafic des stupéfiants (...) pourrit la vie des habitants, concède la maire PS de Rennes Nathalie Appéré. L'ensemble des autorités est mobilisé pour lutter contre ce fléau."

Une lutte quotidienne contre la drogue

Loin de l'image tranquille associée à la ville de Rennes, dans le quartier de Maurepas, les habitants font face à une guerre de territoires entre bandes, pour le contrôle du trafic de drogue.

Ces derniers mois, les scènes violentes se sont en effet multipliées. Au mois de juin de l'année dernière, des policiers qui patrouillaient près d'un point de deal dans ce quartier ont été visés par une rafale de tirs à l'arme automatique.

En septembre, un homme trouvait la mort lors d'un refus d'obtempérer sur la rocade lors d'une opération anti-drogue. Un autre policier a été traîné par un véhicule sur 40 mètres par un homme refusant de se soumettre à un contrôle, toujours dans le cadre le la lutte contre le trafic de stupéfiants. C'était en janvier dernier.

"Aujourd'hui, les policiers sur Rennes ne travaillent quasiment plus que sur le stupéfiant, c'est difficile à endiguer parce que c'est lucratif", poursuit le syndicaliste.

Des délinquants sans limite

"On n’a jamais fait autant d’affaire de stupéfiants dans ce quartier, abonde Frédéric Gallet, secrétaire départemental du syndicat Alliance. Il y a un gros volume de vente, un gros volume en argent et cela fait des envieux." A Rennes, la consommation de drogue a augmenté de 57% entre 2020 et 2021, les reventes de 62% et les trafics de 41%. Des réseaux notamment alimentés grâce à la proximité avec la région parisienne.

Les actions de la police, avec l'accent mis sur la lutte contre ce trafic de drogue, ont chamboulé le fonctionnement et l'organisation de ces réseaux. Les chefs ont de plus en plus recours à des adolescents de 11, 12 ans, notamment attirés par l'argent facile - un guetteur peut toucher jusqu'à 300 euros par jour - et par l'image "valorisante" dans les quartiers du trafiquant de drogue.

A ce trafic de drogue toujours grandissant s'ajoute "une désinhibition" des délinquants, selon les policiers. "Aujourd'hui il n'y a plus de limites, ils utilisent des fusils à pompe, des armes automatiques en pleine rue, c'est comme ça que ça se règle", déplore David Leveau qui craint "des dommages collatéraux". Les policiers réclement notamment "une réponse pénale adaptée". "Mes collègues interpellent les mêmes tous les jours", poursuit-il.

Article original publié sur BFMTV.com