Le trafic de bois de vène au Mali “frappé par la loi du silence”

“Omerta sur un désastre”. Ainsi s’intitule cet article du journal Mali Tribune, relayé par la plateforme Maliweb et consacré au trafic de bois de vène, une essence de la famille du bois de rose. Appelé “kosso” au Mali, cet arbre de couleur rose-rougeâtre, aux fleurs jaunes, et dont la cime culmine à 40 mètres, est prisé par les industries de l’ameublement et du parfum.

Au Mali, l’exploitation – pour ne pas dire le pillage – de ce bois précieux, exporté en Chine, a commencé de façon sporadique vers 2012, selon un rapport de l’Agence d’enquête environnementale (EIA, organisation américaine). Elle s’est renforcée en 2014-2015, “lorsque les pays voisins ont commencé à lutter contre le commerce illégal”, note Mali Tribune.

“Les équipes d’exploitation forestière ont d’abord saccagé les forêts de Sikasso, Bougouni et Yanfolila [dans le sud du pays], entre 2013 et 2015. Une fois que les arbres commerciaux se sont raréfiés, l’exploitation s’est déplacée vers les zones forestières de Koulikoro, Kita et Kangaba [nord-est et ouest du Mali] de 2015 à 2018”, poursuit-il.

Le rythme s’est accéléré dès 2017, contribuant largement à la déforestation, y compris dans des zones protégées. “Sur les 32 millions d’hectares de forêt recensés en 2002, il [n’en] reste actuellement qu’environ 17 millions”, et le Mali “pourrait connaître un déficit en bois énergie à partir de 2030”.

Commerce “tentaculaire”

Malgré ce péril, le trafic de bois de vène demeure “frappé par la loi du silence”. Le lanceur d’alerte Amadou Traoré en sait quelque chose. Après avoir documenté en 2022 “les incessants voyages de remorques chargées de troncs d’arbres”, il a dû quitter le Mali où il se sentait en danger, établissait en septembre 2023 une enquête de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF).

“Il y a eu des rapports, des audits, des alertes, des mises en garde, mais ça persiste”, confie un ancien responsable d’une agence des eaux et forêts du Mali, qui évoque un commerce “tentaculaire”. Les réglementations nationales et internationales semblent inopérantes. Des cargaisons de bois précieux sortent du pays sous les radars, bénéficiant d’un vaste circuit de corruption.

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