La trêve ne tient pas au Haut-Karabakh

LA TRÊVE NE TIENT PAS AU HAUT-KARABAKH

par Nvard Hovhannisyan et Nailia Bagirova

EREVAN/BAKOU (Reuters) - L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont de nouveau accusées mutuellement mardi de violer le cessez-le-feu humanitaire entré en vigueur samedi au Haut-Karabakh, où la reprise de combats à haute intensité a fait des centaines de morts depuis fin septembre.

Les autorités séparatistes arméniennes de l'enclave ont fait état de 542 morts dans les rangs de leurs forces armées, soit 17 de plus que la veille. Côté azerbaïdjanais, le bilan officiel est de 42 civils tués et 206 autres blessés depuis le 27 septembre. Bakou ne communique pas sur ses pertes militaires.

Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense, les forces arméniennes ont pilonné mardi les secteurs de Goranboy, Tartar et Aghdam. Une équipe de Reuters Télévision présente dans cette dernière localité a confirmé que le centre-ville était bombardé.

Le ministère arménien de la Défense a démenti et accusé les forces azerbaïdjanaises d'avoir repris des opérations intenses après une accalmie dans la nuit.

A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui s'est proposé pour procéder au transport des défunts et à la libération de détenus, a indiqué que les deux camps ne s'étaient pas encore accordés sur un cadre formel.

"La situation qui prévaut en matière de sécurité est telle qu'il nous est impossible d'avoir accès à tous les secteurs qui ont pu être affectés", a ajouté Martin Schuepp, directeur régional du CICR.

Annoncé dans la nuit de vendredi à samedi à Moscou au terme de longs entretiens avec les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan et entré en vigueur samedi à la mi-journée, ce cessez-le-feu était censé permettre ces échanges de prisonniers et des dépouilles des victimes de la guerre comme premier pas sur la voie d'une désescalade.

Mais dans les minutes qui ont suivi son entrée en vigueur, les deux camps s'accusaient déjà de ne pas le respecter.

La reprise des combats le 27 septembre dernier dans le Haut-Karabakh, situé en territoire azerbaïdjanais mais majoritairement peuplé d'Arméniens, fait craindre une internationalisation de ce conflit remontant à l'effondrement de l'Union soviétique: la Turquie soutient l'Azerbaïdjan tandis que la Russie est liée à l'Arménie par un accord de défense.

Le conflit aggrave par ailleurs la propagation du coronavirus en Arménie comme en Azerbaïdjan, a indiqué Tarik Jasarevic, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lors d'un point de presse à Genève.

Au cours des deux dernières semaines, le nombre de nouvelles contaminations a doublé en Arménie; en Azerbaïdjan, la progression est de 80% sur la semaine écoulée.

(avec Margarita Antidze à Tbilissi; version française Henri-Pierre André, édité par Nicolas Delame)