« Tour de France : Au cœur du peloton » : ce que pensent les cyclistes de la série Netflix

Lors de la 12e étape du 109e Tour de France entre Briançon et L’Alpe-d’Huez, le 14 juillet 2022.
Lors de la 12e étape du 109e Tour de France entre Briançon et L’Alpe-d’Huez, le 14 juillet 2022.

TOUR DE FRANCE - Alors que le 110e Tour de France fait relâche ce lundi 10 juillet, pour la première journée de repos, on continue de beaucoup parler de l’édition 2022. La faute à Netflix. En sortant en juin sa série documentaire Tour de France : Au cœur du peloton, la plateforme de streaming a réussi le tour de force déjà réalisé avec Formula 1 : Pilotes de leur destin : intéresser un maximum d’abonnés à un très suivi.

Beaucoup ont ainsi découvert avec émerveillement l’univers de ce sport longtemps associé au dopage, d’autres ont renforcé leurs connaissances cyclistes, quand les experts ont pu enfin savourer le fait que leur sport soit mis en avant à l’échelle mondiale pour le très grand public.

Mais qu’en pensent les premiers concernés, les cyclistes, actuels ou anciens ? Ce qui transparaît d’emblée, c’est que beaucoup d’entre eux ont vu les huit épisodes d’une quarantaine de minutes, notamment dans le camp français.

« Je trouve que c’est très bien fait », répond sans sourciller au HuffPost Thomas Voeckler, ancien maillot jaune du Tour et désormais consultant pour France Télévisions. « C’est destiné au grand public parce qu’on rappelle les principes de base du vélo, du sport en équipe, des spécificités entre les sprinteurs, les grimpeurs, les stratégies d’équipes », explique-t-il. Et c’est fait « dans le bon sens du terme base », reprend l’ancien chouchou du public. « Parce que pour quelqu’un qui n’est pas féru de vélo, ce ne sont pas des choses qu’on rappelle suffisamment je trouve. Le vélo, ce n’est certainement pas juste appuyer sur des pédales sans réfléchir et la série le met en évidence. »

Pourquoi Jonas Vingegaard et Wout Van Aert n’aiment pas

Steve Chainel, consultant cyclisme d’Eurosport et ancien coureur professionnel, abonde dans le même sens, lui qui prend la parole dans la série. « C’est vrai que dans mes interventions, on peut avoir l’impression que je dis parfois des choses très cucul la praline. Mais c’est exactement le but : expliquer à monsieur et madame tout le monde ce qu’est le vélo, qui plus est le Tour de France », explique-t-il auprès du HuffPost.

Parmi les cyclistes engagés sur le Tour 2023, l’aspect positif de cette initiative prédomine. « C’est une belle opportunité d’expliquer ce qu’est notre sport », estime Aurélien Paret-Peintre (AG2R-Citroën) dans Le Parisien. Dans le même journal, Axel Zingle chez Cofidis note que « dans l’équipe, presque tout le monde est fan ». « Dans l’équipe, on s’est vraiment reconnu. Ce qui nous concerne dans la série est vraiment fidèle à la réalité. Je suis satisfait du résultat », ajoute auprès du Parisien le champion de France Valentin Madouas (Groupama-FDJ).

Des avis qui tranchent toutefois avec celui du vainqueur sortant du Tour. Bien qu’il estime que la série est « une bonne chose pour le cyclisme », le Danois Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) déplore que les scénaristes de Netflix aient « (créé) des histoires qui n’existent pas ». Cette critique rappelle celles de certains pilotes de Formue 1 qui avaient aussi estimé que le géant américain du streaming avait trop scénarisé certaines rivalités du paddock. Son coéquipier belge Wout Van Aert (WVA) pense la même chose : « c’est assez troublant de voir que le documentaire contient des histoires inexistantes. Pour moi, la série est axée sur l’agitation. »

Il base sa critique sur une histoire en particulier : sa supposée rivalité avec son coéquipier Jonas Vingegaard. « Jonas et moi sommes les meilleurs amis du monde. L’accent est mis sur les moments où il est difficile de faire le bon choix, mais il y a aussi tant de moments où nous nous sommes renforcés l’un l’autre et avons travaillé ensemble. C’est une honte que cela a été supprimé », tacle WVA.

La saison 2 en cours de tournage

Si l’on rebascule dans les aspects positifs, Steve Chainel en voit un gros pour son sport. « C’est un sport qui perd en licenciés, avec de moins en moins de gamins qui regardent le vélo. Donc pour leur donner envie, il faut ce genre de séries, espère-t-il. Et puis, il faut vivre avec son temps : le vélo des années 80-90, ça doit rester dans la rubrique souvenirs. » « Le vélo, on a quand même du mal auprès du jeune public. Ça permet donc de vulgariser ce sport et de le rendre un peu plus fashion. C’est tout bénéf’ pour le cyclisme », complète Thomas Voeckler.

Boosté par le succès de la première saison, Netflix a déjà annoncé, à la veille du départ du Tour 2023, l’existence d’une saison 2, dans les coulisses de la course actuelle.

« La série va rentrer encore plus dans les mœurs parce que les coureurs et les équipes vont ouvrir encore plus leurs portes, veut croire Steve Chainel. Et les équipes vont se rendre compte que ça leur fait une énorme publicité. Donc on ira encore plus dans l’émotion et la connaissance des coureurs. Les spectateurs vont se les approprier, comme Thibaut Pinot ou Julian Alaphilippe ».

Un bémol toutefois : l’équipe UAE du Slovène Tadej Pogacar, l’un des favoris pour le maillot jaune, devrait encore rester absente lors de cette deuxième saison.

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