Toujours des désaccords à Vienne sur le nucléaire iranien

Le ministre iranien des Affaires étrangères, à Vienne. Des désaccords persistent dans les négociations entre l'Iran et le groupe P5+1 sur le programme nucléaire de Téhéran mais les discussions se poursuivaient jeudi en vue de trouver un accord définitif. /Photo prise le 2 juillet 2015/REUTERS/Leonhard Foeger

par Parisa Hafezi et Arshad Mohammed VIENNE (Reuters) - Des désaccords persistaient jeudi soir dans les négociations à Vienne entre l'Iran et les grandes puissances du P5+1 sur le programme nucléaire de Téhéran mais les discussions se poursuivent en vue de trouver un accord définitif. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé des progrès avaient été faits et qu'il serait de retour dans la capitale autrichienne dimanche soir. Il a dit espérer que des progrès suffisants aient été faits d'ici là pour conclure un accord nucléaire définitif réduisant les activités de l'Iran dans le domaine de l'atome en échange d'une levée des sanctions économiques. Son homologue chinois, Wang Yi, a pour sa part jugé "très possible" un accord dans les prochains jours, tout en reconnaissant qu'il y avait encore des questions "importantes et sensibles" à régler. "Nous avons confiance que les parties concernées trouveront finalement un accord juste, équitable et équilibré", a-t-il dit. La date butoir pour la signature d'un accord définitif entre Téhéran et le P5+1 a été repoussée au 7 juillet, au lieu du 30 juin. Un haut responsable iranien a expliqué aux journalistes que l'Iran et le P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemagne) discutaient d'un calendrier pour la levée des sanctions imposées par les Nations unies, les Etats-Unis et l'Union européenne ainsi que de la date d'entrée en vigueur de la limitation des activités nucléaires iraniennes. L'idée est de faire en sorte que les deux camps préparent tout, de sorte que la mise en oeuvre de l'accord commence un jour bien précis, a dit ce responsable. Il a toutefois mis en évidence la différence de fond entre l'Iran et les grandes puissances quand il a dit que l'Iran espérait la "fin" des sanctions internationales. Or, les Etats-Unis et l'Union européenne ont plutôt parlé de suspension des sanctions, de façon à ce qu'elles puissent être réinstaurées en cas de non respect par l'Iran de l'accord. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a déclaré aux journalistes à son arrivée : "Je ne pense pas que nous soyons actuellement sur le point d'aboutir mais nous allons faire tout notre possible pour maintenir l'élan actuel." COURAGE ET VOLONTÉ Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a souligné que toutes les parties souhaitaient un accord, tout en se demandant si elles auraient assez de "courage" et de "volonté" pour y parvenir. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, était pour sa part à Téhéran pour y rencontrer le président iranien Hassan Rohani et d'autres dirigeants iraniens. L'ambassadeur de l'Iran auprès de l'AIEA, Reza Najafi, a qualifié la visite du directeur général de l'AIEA de constructive, selon l'agence de presse iranienne Irna. Le négociateur iranien à Vienne Majid Takhteravanchi a déclaré : "Nous sommes dans les derniers jours mais on ne peut toujours pas dire quel sera le dernier jour." "Il reste des désaccords substantiels, même à ce stade", a reconnu un diplomate occidental, ajoutant que les propos du guide suprême iranien Ali Khamenei la semaine passée avaient compliqué les choses. L'ayatollah Khamenei, accusant les Etats-Unis de chercher à détruire l'industrie nucléaire de l'Iran, a exclu l'hypothèse d'un gel des activités nucléaires sensibles de son pays pendant une période de dix à douze années ou l'ouverture de sites militaires aux inspecteurs. Dans ce qui a semblé une réponse à l'ayatollah Khamenei, Barack Obama a déclaré mardi qu'aucun accord ne serait conclu si la totalité des voies d'accès de l'Iran au développement d'une bombe nucléaire n'étaient pas bloquées et un système efficace de surveillance du respect de l'accord n'était pas mis en place. Le haut responsable iranien à Vienne a dit que l'Iran signerait le Protocole additionnel au traité sur la non prolifération des armes nucléaire (TNP), un régime spécial d'inspection de l'AIEA, qui serait mis en place provisoirement au début d'un accord et, in fine, ratifié par le Parlement iranien. Le Protocole additionnel permet aux inspecteurs de l'AIEA un accès accru aux sites qu'ils soupçonnent d'abriter une activité nucléaire suspecte. Les autorités américaines ont dit qu'il n'était pas suffisant parce qu'il pourrait permettre à l'Iran de gagner du temps en faisant traîner les négociations sur les demandes d'accès. Dans un rapport publié mercredi, l'AIEA indique que Téhéran s'est conformé aux termes de l'accord intérimaire conclu en 2013 avec les grandes puissances, en ramenant ses stocks d'uranium faiblement enrichi à leurs niveaux antérieurs à l'accord. (Avec Louis Charbonneau et John Irish; Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français)