TotalEnergies fait un bénéfice record en pleine crise climatique, et suscite l’indignation de la gauche et des ONG

Patrick Pouyanné a annoncé ce mercredi 7 février que son entreprise TotalEnergies a dégagé en 2023 un bénéfice net de près de 20 milliards d’euros.
PASCAL ROSSIGNOL / AFP Patrick Pouyanné a annoncé ce mercredi 7 février que son entreprise TotalEnergies a dégagé en 2023 un bénéfice net de près de 20 milliards d’euros.

ENVIRONNEMENT - Total s’« engraisse » sur « le dos du climat et des gens ». Alors que les scientifiques du monde entier appellent à sortir au plus vite d’un modèle basé sur les énergies fossiles, le géant pétro-gazier TotalEnergies a dégagé en 2023 un bénéfice net de 21,4 milliards de dollars, soit 19,8 milliards d’euros. Ce nouveau record, après un résultat déjà historique pour Total en 2022, a suscité l’ire des ONG et de la gauche française.

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La 4e major mondiale a ainsi amélioré son bénéfice net de 4 % par rapport à 2022, grâce à la « croissance des hydrocarbures, en particulier du gaz naturel liquéfié (GNL) et de l’électricité », a souligné ce mercredi 7 février son PDG Patrick Pouyanné dans le communiqué des résultats de l’entreprise. Le GNL, contrairement à ce qu’affirme Total dans ses publicités, n’est pas « propre ». C’est une énergie fossile, composée à 90 % de méthane, un gaz qui réchauffe l’atmosphère 83 fois plus que le CO2.

« Record de chaleur, record de foutage de gueule »

Face à ces profits indécents, les premières à réagir ont bien évidemment été les ONG environnementales. « 100 ans et la politique climaticide de TotalEnergies n’a pas pris une ride », a tancé sur X (Twitter) Sarah Fayolle, chargée de campagne chez Greenpeace France. Avant d’asséner : « Cette entreprise contribue activement et sciemment à notre sortie de route climatique ».

« 7,1 % d’augmentation du dividende par action... en exploitant et vendant des énergies fossiles qui détruisent nos conditions de vie. On marche sur la tête ! », a, quant à elle, critiqué Anne Bringault, directrice des Programmes au Réseau action climat.

« Record de chaleur dans le monde, record de bénéfices et de foutage de gueule pour TotalEnergies, qui affirme œuvrer pour la transition énergétique tout en ayant des projets pétrogaziers dans 53 pays », s’est également insurgée l’organisation altermondialiste Attac France.

« Exproprier Total »

Des politiques aussi, surtout chez les écologistes et la gauche, ont exprimé leur ressentiment. À l’instar de l’eurodéputée écologiste et tête de liste EELV des prochaines européennes, Marie Toussaint qui a écrit sur son compte X : « Il est temps de réagir face aux géants des fossiles qui tirent profit de détruire le monde ! Arrêtons-les ! » « C’est cette spirale infernale, cynique et irresponsable qu’il faut casser », appuie, de son côté, le sénateur écologiste Yannick Jadot.

La gauche dénonce également l’image que de tels bénéfices renvoient en pleine crise énergétique, alors « que les factures d’électricité des Français explosent, [que] le prix à la pompe ne baisse pas », souligne Thomas Portes. Et le député LFI de Seine-Saint-Denis ajoute : « Le peuple souffre, les multinationales se gavent. »

« Quand je vois ça, je pense aux travailleurs, qui comptent chaque euro. Je pense à ceux qui se chauffent à 15-16 degrés (...) Je pense aux petits agriculteurs qui se retrouvent asphyxiés car les charges de l’énergie ont bondi », abonde Nathalie Artaud, porte-parole du parti d’extrême gauche Lutte Ouvrière. Sur BFMTV, elle appelle à « réquisitionner les superprofits » et à « exproprier Total », comme vous pouvez l’entendre dans la séquence ci-dessous.

TotalEnergies est régulièrement visé pour ses projets pétroliers et gaziers jugés « climaticides » par les associations écologistes, mais aussi par des scientifiques du Giec. Une dizaine d’associations a notamment porté plainte contre son projet d’oléoduc géant « Eacop » en Afrique de l’Est.

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