Total épinglé par le Parlement européen pour son mégaprojet pétrolier en Ouganda

Une station-service de Total Énergies dans le quartier de La Défense, près de Paris. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Une station-service de Total Énergies dans le quartier de La Défense, près de Paris. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Le groupe français Total-Energies lançait en février dernier son megaprojet pétrolier Eacop. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

EUROPE - Cela fait des mois que le projet EACOP est critiqué par les ONG de défense de l’environnement. Ce mercredi 15 septembre, le Parlement Européen a épinglé à son tour le méga projet d’exploitation pétrolière prévu par Total Énergie à travers l’Afrique. Avec son projet Eacop (oléoduc du pétrole d’Afrique de l’Est), l’entreprise prévoit en effet de construire le plus grand oléoduc chauffé du monde, qui sillonnerait l’Ouganda et la Tanzanie sur plus de 1 443 km, soit environ la distance entre Paris et Budapest.

Un projet gigantesque, qui a d’ores et déjà un impact inquiétant sur les populations locales, reproche le Parlement Européen. L’institution se dit « vivement préoccupée par les violations des droits de l’Homme » commises en Ouganda et en Tanzanie, notamment des « arrestations, actes d’intimidation et harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits humains et les organisations non gouvernementales ».

La vie des populations locales en danger

« Les témoignages des personnes affectées que nous avons rencontrées cet été sont bouleversants : menaces de morts, intimidations, les violations sont extrêmement graves et répétées. Certaines familles n’ont plus de quoi vivre depuis cinq ans et bon nombre d’enfants ne vont plus à l’école depuis quatre ans », a déploré l’eurodéputé français Pierre Larrouturou (S&D, gauche), qui s’est rendu en Ouganda fin juillet avec trois autres eurodéputés.

Le projet fait l’objet de vives critiques d’ONG de défense de l’environnement qui estiment qu’il fait perdre l’accès à leurs terres à des dizaines de milliers d’agriculteurs et représente une menace écologique pour cette région riche en biodiversité.

Estimant à plus de 100 000 les personnes risquant d’être déplacées sur le tracé de l’oléoduc, les eurodéputés réclament un « dispositif de compensation adéquat pour les personnes expropriées ».

À main levée, réunis en session plénière à Strasbourg, ils ont donc adopté ce mercredi 15 septembre un texte non contraignant mais particulièrement critique à l’encontre des projets d’investissements dans les énergies fossiles en Ouganda et Tanzanie. Le Parlement européen demande également à Total Énergie de prendre une année avant le lancement du projet afin d’étudier « la faisabilité d’un autre itinéraire permettant de mieux préserver les écosystèmes protégés et sensibles et les ressources en eau de l’Ouganda et de la Tanzanie ».

« Une bombe climatique »

Les militants pour la protection de l’environnement se réjouissent de ce texte, qui rejoint leur combat mené contre le projet Eacop depuis sa présentation par Total en février dernier. Selon eux, le projet de Total Énergies est une « bombe climatique ». L’oléoduc générera en effet 34 millions de tonnes de CO2 par an, soit six fois les émissions de l’Ouganda. Eacop est aussi une menace sans précédent pour la biodiversité : l’oléoduc prévoit de travers seize réserves naturelles.

Total s’est régulièrement défendu de ces attaques en assurant que ce projet aurait aussi un impact positif sur la biodiversité. La firme prétend rendre le site dans un meilleur état qu’avant les travaux. Elle va aussi financer la réintégration d’animaux sauvages en Ouganda, comme le rhinocéros noir.

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