Le torchon brûle entre Ryanair et le gouvernement Orban

Confronté à une inflation record, le gouvernement de Viktor Orban a annoncé fin mai une taxe exceptionnelle sur les bénéfices des multinationales à compter du 1er juillet. L’objectif était de financer la défense nationale et de compenser la hausse des prix engendrée par le conflit russo-ukrainien. Ce dispositif cible notamment les géants de l’énergie, de la banque, des télécoms, mais également du secteur aérien. Leader du marché en Hongrie, la compagnie low-cost Ryanair n’apprécie pas du tout cette mesure et étrille le pouvoir magyar.

La semaine dernière, le directeur commercial de l’entreprise a affirmé qu’un impôt sur les bénéfices supplémentaire était “plus qu’une bêtise” et réclamait le retrait de ce dispositif “mal conçu” et “mis en place au mauvais moment”, rapporte le tabloïd Blikk, alors que le secteur sort à peine de la pandémie de Covid-19 et subit les contrecoups de la guerre en Ukraine. Selon la règle en vigueur détaillée par le site 24.hu, les compagnies aériennes devront verser 3 950 forints (10 euros) par voyageur au gouvernement hongrois pour les navettes intra-européennes et 9 750 forints (24 euros) pour les vols vers l’extérieur du Vieux Continent.

Le 10 juin, indique le journal progouvernemental Magyar Nemzet, le ministre du Développement économique, Marton Nagy, considérait comme “inacceptable” et “irrespectueux” que Ryanair répercute la taxe sur les vols avant son entrée en application, d’où le lancement immédiat d’une procédure de défense des consommateurs. “Le gouvernement refuse que les familles magyares paient le prix de la guerre [en Ukraine], c’est pourquoi les entreprises doivent assumer une charge supplémentaire”, expliquait le communiqué officiel, repris par le quotidien conservateur. Contrairement à Ryanair, sa concurrente hongroise Wizz Air n’applique pas la taxe sur les billets achetés avant le 1er juillet, précise le portail Portfolio.

Réduction des navettes vers Budapest

Dans une interview publiée le 14 juin par l’hebdomadaire libéral HVG, le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, n’a pas mâché pas ses mots à l’encontre du ministre du Développement économique, traité d’“idiot” cinq fois au cours de l’entretien. Très remonté, le businessman irlandais a déclaré vouloir “transmettre au ministère un exemplaire de l’ouvrage L’Économie pour les nuls”. Convaincu que la taxe “n’aidera pas les familles hongroises” comme le soutient le gouvernement de Viktor Orban, il a annoncé que la société allait “réduire le nombre de ses navettes vers Budapest”.

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