La tomate bio espagnole « immangeable » ? Pedro Sánchez répond aux propos de Ségolène Royal qui ont sidéré l’Espagne

ESPAGNE - Une déclaration de Ségolène Royal qui a mis le feu aux poudres en Espagne ces dernières heures : « Vous avez goûté les tomates soi-disant bio espagnoles ? C’est immangeable ! » Tenus sur BFMTV, ces propos de l’ex-candidate à la présidentielle et ancienne ministre de l’Environnement ont tourné en boucle, jeudi 1er février, sur les télévisions espagnoles.

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En cause, selon Ségolène Royal : un déséquilibre dans l’application des règles phytosanitaires européennes. « Le bio espagnol est un faux bio. Les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises », a-t-elle avancé, reprenant un reproche régulièrement formulé dans les manifestations par les agriculteurs français.

Pedro Sánchez réagit

Le tollé est tel que le Premier ministre espagnol a été interrogé sur le sujet après le Conseil européen à Bruxelles. Pedro Sanchez a ironisé, estimant que Ségolène Royal n’avait « pas eu la chance de goûter aux tomates espagnoles ». « Je l’invite à venir en Espagne (...) et elle verra que la tomate espagnole est imbattable », a-t-il insisté.

« J’apprécie cette réponse courtoise et cette invitation de Pedro Sanchez », a rétorqué Ségolène Royal, avant d’argumenter : « mais ce qui est clair c’est que, quand les conditions sanitaires sont inégales, alors la concurrence est déloyale Et nous tire vers le bas : la preuve c’est que le plan écophyto français vient d’être suspendu pour tenter d’égaliser ! »

L’ancienne ministre en a rajouté une couche en partageant dans la foulée sur X un article de franceinfo présentant « l’envers du décor de la production de tomates espagnoles ».

Les déclarations initiales de Ségolène Royal ont suscité la stupéfaction en Espagne. « Nous ne pouvons pas permettre que des déclarations infondées ruinent tout un secteur », a réagi dans un communiqué l’association professionnelle espagnole de production biologique (Ecovalia), en rappelant que les mêmes règles s’appliquaient en France et en Espagne.

De tels propos sont « inappropriés », surtout de la part d’une personne qui a eu « des responsabilités gouvernementales », a souligné de son côté la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera.

« Guerre de la tomate »

Le Parti populaire, principal parti d’opposition de droite, a lui appelé à « défendre la production espagnole ».

Cette « guerre de la tomate », comme l’ont surnommée certains médias espagnols, a attisé le malaise en Espagne depuis le début du mouvement de colère des agriculteurs français. Ces derniers accusent l’Espagne d’inonder le marché hexagonal avec des produits à bas prix utilisant de grosses quantités de produits phytosanitaires.

Dans le cadre des manifestations en France, de nombreux camions venant d’Espagne ont en effet été pris pour cible ces derniers jours, notamment à la barrière de péage du Boulou, à quelques kilomètres de la frontière espagnole - des attaques filmées et relayées sur les réseaux sociaux.

Depuis Bruxelles, Pedro Sanchez a assuré avoir évoqué ce sujet avec le président français Emmanuel Macron. « Je pense qu’il est très important de respecter les manifestations pacifiques » mais il faut « condamner fermement tout type d’action violente », a souligné le responsable socialiste, en défendant la qualité de l’agriculture « made in Spain ».

« Les produits espagnols ne bénéficient d’aucun avantage concurrentiel par rapport à d’autres produits sur le marché intérieur » européen, a-t-il insisté, en rappelant que « les mêmes règles » environnementales s’appliquaient « en France, en Espagne, au Portugal, en Italie, aux Pays-Bas et dans les autres » pays de l’UE.

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