Tolérance

Samedi, devant le bar le Carillon, à Paris.

Qu’est-ce qu’une génération ? Un événement. Il y eut la génération de la guerre d’Algérie, celle de Mai 68, ou encore celle de l’affaire Dreyfus. Il y a maintenant la génération Bataclan. Les tueurs l’ont indiqué eux-mêmes dans leur revendication : c’est en pleine conscience qu’ils ont visé ce groupe-là, après un choix des lieux délibéré, «minutieux», selon leur propre terme. Contre la France et l’Allemagne, ils ont voulu faire un massacre au Stade de France, mais aussi contre le sport, qu’ils tiennent pour une occupation impie - le GIA algérien, en son temps, désignait le football à la vindicte des militants intégristes. Contre un mode de vie à leurs yeux perverti, enfin, ils ont abattu plus de cent personnes dans le périmètre étroit qui jouxte le canal Saint-Martin, quartier jeune, plutôt mélangé, entre bobos et fils d’immigrés, intellos précaires et cadres votant plutôt à gauche. Bien sûr, la classe d’âge dont nous parlons est bien plus large, plus diverse à l’échelle de la société française. On remarquera d’ailleurs que les assassins avaient en l’occurrence le même âge que leurs victimes. Mais il y a dans cette génération suffisamment de références communes, de goûts partagés, de valeurs convergentes pour qu’on la réunisse sous ce vocable, légitime sinon scientifique. Une certaine ouverture culturelle, un libéralisme de mœurs, un cosmopolitisme qui n’exclut par une forme de patriotisme convivial, comme en témoigne la prolifération des trois couleurs françaises sur les pages Facebook… Sans que cette tolérance façonne un monde de Bisounours : les mêmes jeunes, souvent, entrent difficilement dans la vie professionnelle, connaissent la précarité et fêtent leur premier CDI comme d’autres la légion d’honneur. Leur quartier, même s’il reste mixte, est plus une juxtaposition de minorités qu’un heureux métissage. Mais c’est bien une culture, un mode de vie, décadent selon les islamistes, c’est-à-dire libre, que les tueurs ont voulu terroriser. Paradoxe de ces meurtres : (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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