Tollé sur l’IVG sur CNews : devant l’Assemblée, les explications alambiquées de la chaîne sur ce « problème technique »

Lors de l’audition de la direction de CNews à l’Assemblée nationale, la diffusion d’une image assimilant l’IVG à une cause de mortalité était au cœur du débat.

MÉDIAS - CNews joue très gros. Ce jeudi 29 février, à l’Assemblée nationale, la commission d’enquête sur « l’attribution des chaînes, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre » poursuit ses auditions des figures et patrons des deux chaînes du groupe Canal+ (CNews et C8), plongées au cœur de nombreuses polémiques et sujettes à plusieurs sanctions.

CNews assimile l’avortement à une « cause de mortalité », des députés saisissent l’Arcom

Après les dirigeants de Canal+, ce sont les rédacteurs en chef et visages de la chaîne qui ont été interrogés et notamment Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, et Pascal Praud. Après avoir prêté serment, ils ont été invités à s’exprimer à tour de rôle et à répondre à certaines questions.

Le directeur de CNews Serge Nedjar a été immédiatement interrogé sur la séquence diffusée ce dimanche dans En quête d’esprit assimilant l’avortement à une cause de mortalité. Invité à expliquer comment la chaîne en était arrivée là, il assume une « erreur inacceptable » et évoque l’existence d’une version 1 et d’une version 2.

« Ça tombe sur une émission qui est enregistrée, qui est regardée et analysée avant la diffusion. Avec le rédacteur en chef de l’émission nous avons fait une V2 après modifications, et cette bonne version a été transmise à Europe 1 et aurait dû passer dans des tuyaux pour être diffusée. Mais là, on mène l’enquête, on ne sait pas pourquoi, cette V2 n’est pas rentrée dans les tuyaux, et c’était la V1, que nous voulions bannir qui a été diffusée. »

Conséquence, comme le confirme Serge Nedjar « un choc pour les rédacteurs et le public », alors que le sujet de l’IVG est au cœur du débat public et notamment la question de son inscription dans la Constitution - votée finalement ce jeudi soir au Sénat. « C’est une erreur impardonnable dans le cadre d’une émission enregistrée, c’est ce qui me travaille le plus depuis le début de la semaine. C’est un traumatisme », assure le directeur de CNews.

De l’erreur à « un peu plus » pour CNews ?

Sur cette « erreur humaine », les dirigeants de la chaîne ont par ailleurs avancé la possibilité d’une malversation, notamment compte tenu du fait que c’est précisément cette « mauvaise » version qui a été diffusée à deux reprises sur la chaîne. « À la diffusion de la 1ère émission on s’en rend compte, on fait des allers-retours pour savoir qui quoi et pourquoi, mais c’est un dimanche… La 2e émission est également passée avec la V1. Il s’est passé quelque chose de dramatique, on ne se voile pas la face. On essaye de voir s’il n’y a pas eu une erreur, ou un peu plus. »

Suite à ces réponses pour le moins alambiquées des dirigeants de CNews, Quentin Bataillon le président de la commission d’enquête et Aurélien Saintoul, le rapporteur, ont tout de même tenu à rappeler que « le vrai choc, c’est la présentation qui a été diffusée ». Pour rappel, le présentateur de l’émission En quête d’esprit Aymeric Pourbaix avait évoqué l’IVG comme « la première cause de mortalité dans le monde », devant le cancer ou le tabac.

L’émission elle-même En quête d’esprit, talk-show religieux de la chaîne du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a également été abordée. Serge Nedjar a avancé qu’elle avait été imaginée par lui notamment, comme un magazine d’actualité de week-end qui traiterait « de façon spirituelle des sujets d’actualité… Et le dimanche, parler de choses positives, d’amour et de sérénité, ce qui est agréable pour une chaîne comme la nôtre ».

Interrogé dans la suite de l’audition par la députée Sarah Legrain, Thomas Bauder, le directeur de l’information, a affirmé à plusieurs reprises que « le droit à l’avortement n’avait jamais été remis en question à l’antenne de CNews ». Et précisé que la chaîne était boycottée par les militantes du droit à l’IVG. Même si cette fois-ci, elles n’avaient effectivement pas été invitées.

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