Titan: pourquoi il sera très difficile de récupérer les corps des victimes

Titan: pourquoi il sera très difficile de récupérer les corps des victimes

Avec la découverte de l’épave du sous-marin Titan, vient la difficile question de la capacité de retrouver les corps des victimes.

C’est acté: les cinq passagers du Titan ont succombé à une "implosion catastrophique" à 4.000 mètres de profondeur. Jeudi, les experts ont identifié la coque du sous-marin parmi les débris retrouvés. Mais comment maintenant récupérer les corps des victimes, et est-ce seulement possible ?

Un "champ de débris"

En lieu et place du sous-marin, c’est un "champ de débris" qui a été mis au jour par les robots de recherche téléguidés après quatre jours de recherches, a déclaré le contre-amiral John Mauger en conférence de presse à Boston. Les cinq types de débris retrouvés ont permis aux garde-côtes américains de déduire qu'ils appartenaient au Titan.

Ces éléments sont situés dans "un fond lisse", sans parties de l'épave mythique du Titanic, à seulement 480 mètres de sa proue. "C’est un environnement incroyablement inhospitalier, au fond, sur le plancher océanique", a encore précisé le contre-amiral, suggérant ainsi que les corps des passagers ne seront pas accessibles.

Les garde-côtes ont indiqué que le gros de la flotte serait démobilisé, mais que des "robots sous-marins resteront sur place" afin de "continuer à recueillir des informations" et cartographier les fonds.

A la profondeur du lieu de repos final du Titanic - plus de 4000 mètres -, le noir est non seulement complet, mais la pression s’élève aussi à plus de 400 bars. Cela correspond à une force de 380 kg s'exerçant par centimètre, qui est des centaines de fois plus élevée que celle de la surface, à laquelle le submersible aurait été en mesure de résister selon la fiche technique de l’appareil fournie par sa société OceanGate. Des conditions qui compliquent une éventuelle opération de retrait des corps.

Pression dévastatrice

Mais si les garde-côtes n'ont à ce stade "pas de réponse" à la question de la possibilité de retrouver les corps des victimes, il n’y en aurait peut-être tout simplement pas, étant donné la nature du drame.

Les débris retrouvés sont en effet "compatibles avec une implosion catastrophique", qui aurait pu avoir lieu dès la descente du vaisseau. Or la pression "ne pardonne pas grand-chose" en cas de défaillance, expliquait cette semaine Stefan Williams, expert en robotisation sous-marine à l'Université de Sydney, cité par l'AFP.

D’après Rick Murcar, le directeur de la formation internationale de l’Association américaine des plongeurs spéléo, cette implosion se serait produite à la vitesse d’une fraction de milliseconde: "Le tout se serait effondré avant même que les personnes à l'intérieur ne se rendent compte qu'il y avait un problème", a-t-il affirmé sur CNN.

"Littéralement pulvérisés par la force de la mer"

"Si vous avez la moindre fissure, le moindre trou, l'eau va s'engouffrer de manière extrêmement brutale dans le sous-marin" a ainsi estimé le vice-amiral Jean-Louis Vichot sur Europe 1. "Il va être à ce moment-là brutalement envahi par la pression et le choc est tel que la structure va achever de se démantibuler", ce qui expliquerait la "pluie de débris" mise au jour.

Les passagers présents à bord au moment de l’impact auraient été "littéralement pulvérisés par la force de la mer", note-t-il dans des propos rapportés par Franceinfo: "Il n'y a aucune chance de retrouver quoi que ce soit, peut-être même pas une trace d'ADN. Ça fait cinq jours que ça s'est passé. Tout a été dispersé et ça a disparu".

Les investigations autour des causes de l'accident se poursuivent en parallèle des recherches. Le hublot inhabituellement large de l’engin - près de 60 cm de diamètre contre 15 en général - pourrait être à l’origine de l’avarie qui a coûté la vie aux passagers.

La matière de la coque est également remise en question, puisqu’il s’agissait de fibre de carbone et non de titane, utilisé à l’accoutumée à ces profondeurs… et qui résiste moins bien à la pression.

Article original publié sur BFMTV.com

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