TikTok bientôt interdit aux États-Unis ? Les élus américains avancent leurs pions

Les élus Raja Krishnamoorthi et Mike Gallager, ici face à la presse après que la Chambre des représentants a voté sur une législation qui pourrait interdire TikTok aux États-Unis, à Washington, le 13 mars 2024.
CHIP SOMODEVILLA / Getty Images via AFP Les élus Raja Krishnamoorthi et Mike Gallager, ici face à la presse après que la Chambre des représentants a voté sur une législation qui pourrait interdire TikTok aux États-Unis, à Washington, le 13 mars 2024.

ÉTATS-UNIS - Il s’agit d’un développement majeur pour la plateforme, même si l’issue du vote à venir au Sénat reste incertaine. La menace d’une interdiction de TikTok se précise ce jeudi 14 mars aux États-Unis au lendemain de l’adoption par la Chambre américaine des représentants d’une proposition de loi qui demande au réseau de couper les liens avec la Chine.

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La proposition de loi obligerait ByteDance, la société mère de TikTok, à vendre l’application dans un délai de 180 jours, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google aux États-Unis. Aucun acquéreur potentiel ne s’est pour l’instant officiellement manifesté.

Défense virulente

Face à cette menace d’être exclu des smartphones américains, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, a appelé ses 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis à réagir massivement. « Faites-vous entendre », a-t-il lancé sur TikTok et sur le réseau social X après le vote, à moins de huit mois de l’élection présidentielle de novembre.

« Nous ne cesserons pas de vous défendre et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir, y compris en exerçant nos droits légaux, pour protéger cette formidable plateforme que nous avons construite avec vous », a-t-il ajouté. Le dirigeant a aussi estimé que la loi mettait en danger « 300 000 emplois » aux États-Unis, menaçant notamment de priver des « petites entreprises qui dépendent de TikTok » de « milliards de dollars » de revenus.

TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines, de nombreux responsables estimant que la plateforme de vidéos courtes et divertissantes permet à Pékin d’espionner et de manipuler les citoyens. La société a nié, à plusieurs reprises, avoir transmis des informations aux autorités chinoises et assuré qu’elle refuserait toute requête éventuelle en ce sens.

Joe Biden n’est pas contre

Le texte de loi, adopté mercredi à une large majorité de 352 voix sur 432 élus, « n’interdit pas TikTok », a fait valoir le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. « Il vise à solutionner des questions légitimes de sécurité nationale et de protection des données liées aux rapports du Parti communiste chinois avec un réseau social », a-t-il expliqué.

Le vote « qui a réuni des élus des deux partis, montre l’opposition du Congrès aux tentatives de la Chine communiste d’espionner et de manipuler les Américains et constitue un signe de notre détermination à dissuader nos ennemis », a déclaré le président républicain de la Chambre, Mike Johnson.

« Ce processus a été mené en secret et le texte présenté en urgence pour une raison : il s’agit d’une interdiction », a réagi un porte-parole de TikTok auprès de l’AFP. « Nous espérons que le Sénat va prendre en compte les faits, écouter ses administrés et réaliser l’impact (qu’une interdiction aurait) sur l’économie ».

Pékin dénonce « les méthodes de voyou » de Washington

Le vote au Congrès américain est « contraire au principe de concurrence », a dénoncé de son côté la Chine ce jeudi. « Les Etats-Unis doivent (...) cesser les pressions destinées à écarter injustement des entreprises étrangères » de leur marché, a fustigé un porte-parole du ministère chinois du Commerce, avertissant que la Chine « prendra toutes les mesures nécessaires » pour défendre ses entreprises.

« Si un soi-disant prétexte de sécurité nationale peut être utilisé pour écarter arbitrairement des entreprises performantes d’autres pays, alors il n’y a plus d’équité ni de justice », a fustigé de son côté Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ajoutant : « quand quelqu’un voit une bonne chose d’une autre personne et veut la lui prendre, ce sont tout à fait des méthodes de voyou ».

Le sort du projet de loi est incertain au Sénat, où des personnalités de premier plan s’opposent à une mesure aussi radicale à l’encontre d’une application extrêmement populaire. Le chef de file des démocrates à la chambre haute, Chuck Schumer, a simplement pris acte du vote, mercredi, sans se prononcer. Joe Biden a lui déclaré qu’en cas d’adoption au Sénat, il promulguerait le texte.

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