Tierno Monénembo – « La technique du « premier coup K.-O. »

La présidentielle de dimanche en Guinée s'est déroulée dans un climat de vives tensions faisant craindre une éruption de violences.
La présidentielle de dimanche en Guinée s'est déroulée dans un climat de vives tensions faisant craindre une éruption de violences.

La vie politique s'appauvrit en Afrique. Le personnel vieillit. Le débat se tribalise. Les Constitutions partent en lambeaux. Autant de portes ouvertes pour le djihadisme qui avance.

Mais pour notre plus grand bonheur, le vocabulaire politique s'enrichit. À Abidjan et à Conakry, où les mots fleurissent dans les rues, les bordels, les académies de bière et non sous la Coupole, on dit « dès que dès que » ou « kaba-kaba » en lieu et place du mot investiture. Les personnalités de ce monde ne se convient pas pour tenir un tête-à-tête mais pour « se têter ». S'éterniser au pouvoir s'appelle faire du « koudaïsme » et ce satané troisième mandat qui fait tant jaser, « la pénible rallonge du té mouna yé mouna (« pas d'eau, pas d'électricité » en langue soussou) ». Cette fête des mots version tropicale bat son plein jusque sous les lambris des palais.

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« Coup K.-O. » pour la démocratie

Alpha Condé, Alassane Ouattara et les autres ne disent plus « victoire au 1er tour » mais « premier coup K.-O. ». Par les matraques ou par les urnes, chez nous, la course électorale reste avant tout un combat de gladiateurs où tous les coups sont permis. Nos démocrates à nous se gaussent des principes et des règles. Ils sont là pour gagner et ils gagneront coûte que coûte. Le public et l'arbitre n'ont qu'à se le tenir pour dit.

Ces petits malins savent que les mots ne sont jamais que des mots ; que la démocra [...] Lire la suite