Tierno Monénembo – « Mémoire tronquée d'un continent »

Photo publiée le 18 décembre 1960 à Stanleyville (aujourd'hui Kisangani) de Congolais tenant une banderole revendiquant l'indépendance du Congo et soutenant le dirigeant Patrice Lumumba, alors que le roi Baudouin de Belgique visite l'ancienne colonie du Congo belge (Congo Belge), aujourd'hui appelée République démocratique du Congo (RDC). Le Congo belge est devenu indépendant le 30 juin 1960.   - Credit:AFP

Les « barbes blanches » se souviennent sûrement de Mémoire d'un continent, cette célèbre émission de RFI, produite et présentée par Ibrahima Baba Kaké. L'excellent historien guinéen fut sans doute le premier à prendre conscience du capital enjeu de la mémoire pour de jeunes nations comme les nôtres, étrillées par l'Histoire, éprises d'estime et de liberté. Il avait compris que l'Afrique ne pouvait se construire un avenir qu'après avoir, au préalable, réhabilité sa mémoire falsifiée ou carrément niée par l'intrusion européenne.

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Le temps de la pédagogie

Il me semble qu'à la veille de nos indépendances, le plus gros travail revenait aux historiens, pas vraiment aux politiciens. Et on ne peut pas dire que les Cheikh Anta Diop, les Ki-Zerbo et autres Djibril Tamsir Niane ont manqué à leur devoir. En nous parlant de l'Égypte antique, de la civilisation du Nok, du Ghana, du Mali, du Songhaye, du Congo et du Monomotapa, ils ont mis en pièces les théories méprisantes de Renan, Gobineau et autres Victor Hugo et solidement fondé notre conscience identitaire. Ce travail salutaire de contestation du discours du vainqueur et de réaffirmation de soi est fait.

Nos historiens doivent maintenant nous révéler notre passé en toute sérénité, sans aucune volonté polémiste, avec une intention purement pédagogique. Nous en avons soupé des polémiques et des slogans ! Nous n'avons rien à prouver à qui ce soi [...] Lire la suite