Threads, le concurrent de Twitter, dépasse les 100 millions d’inscrits, et fait bouillir Elon Musk

Le logo de l’application Threads, nouveau réseau social made in Facebook venu concurrencer directement Twitter.
Le logo de l’application Threads, nouveau réseau social made in Facebook venu concurrencer directement Twitter.

RÉSEAUX SOCIAUX - L’engouement a été réel. L’application Threads, le réseau social lancé par Meta (la maison mère de Facebook et Instagram) pour concurrencer Twitter, a franchi ce lundi 10 juillet la barre des 100 millions d’inscrits, qui peuvent y poster des messages de 500 caractères maximum, des photos et des vidéos. Le passage de cette barre symbolique a été confirmé par Mark Zuckerberg, qui s’est félicité d’une croissance « organique », réalisée quasiment sans promotion.

Il avait été avant cela constaté par le site spécialisé The Verge grâce aux données renvoyées par des profils Instagram d’utilisateurs, auxquels les comptes Threads sont liés. L’un de ces comptes Instagram, repéré par le journaliste de The Verge, Tom Warren, a affiché une info montrant qu’il était le 100 054 051e utilisateur.

Toujours absente des pays européens

Ce succès de Threads peut être qualifié de fulgurant, si l’on garde en mémoire le fait que l’application n’a été lancée que cinq jours plus tôt, le 5 juillet. « C’est bien plus que ce à quoi nous nous attendions », signifiait Mark Zuckerberg trois jours plus tard, lorsque le cap des 70 millions d’utilisateurs de Threads a été franchi.

Si de nombreuses personnes rappellent que cette croissance si rapide est faussée par le processus d’inscription sur Threads, qui se fait uniquement en quelques clics depuis un compte Instagram déjà existant, d’autres rappellent qu’il a fallu 9 mois à TikTok pour atteindre les 100 millions d’utilisateurs actifs, et 30 mois à Instagram - comme le mentionnent les archives de Yahoo! Finance.

Par ailleurs, il est à noter que l’application Threads reste toujours absente des pays européens. Les 100 millions d’utilisateurs recensés proviennent donc uniquement des États-Unis, de la Grande-Bretagne, du Japon, de l’Australie, et de la centaine d’autres pays dans lesquels l’application est officiellement sortie. En Europe, et donc en France, le déploiement n’a toujours pas eu lieu, en raison de risques soulevés par la CNIL irlandaise en termes de non-respect par Meta de la législation européenne sur la protection des données personnelles.

Depuis le 5 juillet, seule une poignée d’Européens et de Français sont ainsi actifs sur Threads, grâce à des techniques alternatives d’installation de l’application, notamment publiées par le site FrAndroid. Mais on a vu des comptes de médias français - dont Le HuffPost ou Le Monde - ou de certains responsables politiques, comme Manuel Bompard, David Guiraud ou François Ruffin (LFI) et plusieurs membres du Parti Pirate, faire leur apparition.

Les utilisateurs de pays avec des communautés francophones, comme de nombreux pays d’Afrique, ou encore les Québécois du Canada, sont eux, toutefois, bien présents.

Tandis qu’en langue anglaise, des comptes de nombreuses célébrités, médias, ou encore personnalités politiques, ont eux dépassé ou approché le million d’abonnés. Le New York Times en compte aujourd’hui plus d’1,4 million.

« Concours de bite »

Ces chiffres et cette ébullition autour de Threads peuvent expliquer pourquoi un certain agacement semble s’être emparé d’Elon Musk, nouveau propriétaire de Twitter depuis novembre 2022. Après avoir menacé Meta de poursuites judiciaires et dénoncé une concurrence déloyale face à un réseau qui aurait copié trop de fonctionnalités de l’oiseau bleu, le milliardaire a qualifié dimanche Mark Zuckerberg de « cuck ».

Un mot pouvant signifier à la fois « cocu », mais aussi utilisé dans un certain argot Internet pour désigner des personnes trop proches des démocrates. Il a ensuite exprimé une apparente volonté de se lancer dans un « concours de bite » avec le patron de Facebook, une sorte d’extension du match de catch pour lequel il déclarait vouloir se préparer.

Au-delà de ces mots dont chacun peut juger la qualité, de nombreuses personnes ont partagé des chiffres de nature à alarmer le patron de Twitter face au succès du nouveau réseau social de Facebook. Si Twitter conserve encore 535 millions de comptes actifs chaque mois selon le Wall Street Journal, le trafic enregistré sur le site twitter.com, qui a été déjà en baisse ces derniers mois, semble avoir plongé ces derniers jours depuis le lancement de Threads, comme le montrent des données de l’opérateur internet CloudFlare.

Pas faits pour les news et la politique ?

Pour autant, Adam Mosseri, l’actuel responsable de Threads chez Meta, a précisé que ce nouveau réseau social n’allait pas forcément s’attaquer aux domaines phares d’expression publique sur Twitter. « Le but n’est pas de remplacer Twitter. Le but est de créer un espace public pour les communautés d’Instagram qui n’ont jamais vraiment été conquises par Twitter, et pour les communautés de Twitter (ou d’autres réseaux sociaux) intéressés pour avoir des conversations moins énervées », a-t-il écrit sur son compte Threads.

Et de donner comme exemples : « La politique et l’actualité en temps réel vont inévitablement faire leur apparition sur Threads - ces domaines sont aussi présents à leurs niveaux sur Instagram - mais nous n’allons rien faire pour encourager ces domaines ».

Une présentation d’une certaine ligne éditoriale de Threads de nature à le démarquer de Twitter, qui s’est beaucoup construit, dans les années 2010, à travers la couverture d’événements en temps réel faite par ses utilisateurs, ou les débats politiques.

À l’heure actuelle, de nombreuses fonctionnalités de Twitter ne sont d’ailleurs toujours pas présentes sur Threads, telles que la recherche de posts, les hashtags, les sujets les plus discutés à un moment clé (Trending Topics), l’affichage de publicités, ou encore une messagerie privée (les Direct Messages). Leur intégration, ou non, à l’avenir, en fonction des développements décidés par Meta, pourra aussi donner une autre identité à ce nouveau réseau social.

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