Thomson Reuters a accepté la cession de F&R à Blackstone

par Pamela Barbaglia et Jessica Toonkel

LONDRES/NEW YORK (Reuters) - Le fonds d'investissement américain Blackstone a signé mardi une entrée remarquée dans le secteur de l'information financière en obtenant le feu vert de Thomson Reuters pour l'acquisition de 55% de division Financial & Risk.

L'opération, valorisée autour de 20 milliards de dollars, dette incluse, est à ce jour le pari le plus audacieux de la société américaine depuis la crise financière.

Dans le cadre de ce partenariat, Blackstone acquiert 55% de la division de Thomson Reuters, qui conservera 45% du capital.

La division contribue pour plus de moitié au chiffre d'affaires annuel de la société de nouvelles et d'informations.

Il s'agit de la restructuration la plus importante du groupe depuis le rachat il y a une décennie de Reuters Group par Thomson Corp, à l'époque pour 8,7 milliards de livres, soit 17 milliards de dollars au taux de changes alors en vigueur.

Thomson Reuters conservera la division information, Reuters News, ainsi que ses divisions Legal and Tax et Accounting.

Les négociations en vue de la cession à Blackstone d'une majorité dans F&R avaient commencé cet été, apprend-on de deux sources proches des discussions, qui précisent que le principal point d'achoppement a été la question de l'impact de l'opération pour l'agence de presse internationale Reuters News.

Blackstone s'est engagé à verser annuellement 325 millions de dollars (262 millions d'euros) pendant 30 ans à Reuters News, qui fournit des nouvelles pour le produit phare de F&R, Eikon. Le directeur financier de Thomson Reuters a précisé que ce montant représentait la somme allouée par F&R à Reuters News.

Reuters News a par ailleurs réalisé un chiffre d'affaires de 304 millions de dollars tirée de son activité médias en 2016.

Une source proche des négociations a déclaré que Reuters News ne serait pas affecté par cette opération et que son indépendance et son impartialité seraient garanties.

Thomson Reuters précise qu'il recevra un produit brut d'environ 17 milliards de dollars de cette vente, qui servira essentiellement à des rachats d'actions pour un montant estimé entre neuf et 11 milliards de dollars, à investir dans ses divisions Legal and Tax et Accounting et à rembourser la dette.

L'opération sera financée par 14 milliards de dollars d'actions préférentielles et de dette émises par la nouvelle entité et une contribution de trois milliards de dollars d'actions souscrites en numéraire par Blackstone.

Il ajoute que la nouvelle entité sera dirigée par un conseil d'administration de dix membres, composé de cinq représentants de Blackstone et de quatre représentant de Thomson Reuters.

L'action Thomson Reuters gagne encore 1,25% dans les transactions électroniques après Bourse en réaction à la confirmation de cette information, publiée de sources proches de l'opération avant l'ouverture de Wall Street, après avoir déjà pris 7,07% en séance.

Thomson Reuters s'attend à ce que l'opération soit bouclée au second semestre 2018. Il a aussi annoncé des prévisions de résultats sur l'année 2017 et le maintien de son dividende à 1,38 dollar par action.

Il prévoit des résultats équivalents ou supérieurs à ses objectifs, avec une marge d'Ebitda située entre 30,1% et 30,4%.

Son bénéfice par action 2017 devrait être entre 2,48 et 2,51 dollars, contre 1,79 dollar en 2016, sur une base non-IFRS.

Sur une base IFRS, le chiffre d'affaires devrait être en hausse de 1%, entre 11,3 et 11,35 milliards de dollars, le bénéfice opérationnel en hausse d'environ 25% et le BPA dilué en baisse d'environ 50%, en raison d'une plus-value de 2 milliards dégagée en 2016 de la vente de la division IP & Science.

Les analystes financiers attendaient en moyenne un BPA 2017 de 2,47 dollars et un chiffre d'affaires de 11,34 milliards de dollars, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

(Bureau de Bangalore, Juliette Rouillon pour le service français)