Thomas Serres : «Le régime algérien ne pourra plus acheter la paix sociale»

Bouteflika en 2014.

Selon ce spécialiste de l’Algérie, malgré des tentatives de libéralisation «par petites touches», désormais, «le timing est trop court pour entreprendre des réformes».

Docteur en sciences politiques à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne, Thomas Serres, spécialiste de l’Algérie, dresse un tableau politique et économique du pays.

Peut-on parler d’un régime sans visage ?

L’Algérie est constante depuis plusieurs décennies : elle renvoie l’image d’un régime fragmenté, accordant une grande place aux services de sécurité et aux technocrates, avec un leadership politique contesté, un déficit de légitimité et des orientations politiques souvent erratiques. Cela se voit au niveau économique, où on retrouve ces contradictions. Le statu quo, qui est la priorité, passe par le maintien des équilibres en utilisant la rente jusqu’au bout. Dans le même temps, on a depuis trois décennies cette volonté de faire bifurquer l’économie vers un modèle libéral, avec des entreprises compétitives sans être systématiquement soutenues par les subventions, et des services publics constamment rabotés.

Comment peut encore fonctionner un modèle rentier à bout de souffle ?

Il faut savoir que depuis vingt-cinq ans, le système continue lentement d’évoluer, tant du point de vue économique que politique. Ça n’est jamais une révolution et ce n’est jamais une grande réforme totalement contrôlée par le FMI de bout en bout, malgré un plan d’ajustement structurel [en 1994, ndlr]. Tout cela se fait par petites touches. Sur le système économique, on a un infléchissement en cours. On voit trois pôles qui poussent en faveur de la libéralisation : le milieu des affaires, le gouvernement, et une partie de l’intelligentsia.

Quel est le poids de ces pôles libéraux ?

Le premier signe de ce virage, c’est le rapprochement récent de l’Assemblée populaire nationale [le Parlement] et du Forum des chefs d’entreprise. Ce dernier est devenu un partenaire crucial du gouvernement et de la dernière campagne de Bouteflika, (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Vermoulu
Le syndrome du Titanic
La malédiction du pétrole
Mohamed Morsi, condamné confirmé
Donald Trump se rêve en «plus grand président de l’emploi que Dieu ait jamais créé»