Thomas Mailaender : « Il ne restera bientôt que des meubles Ikea et des carcasses d’ordinateurs chez les gens »

Série « Extrem Tourism », 2011, de Thomas Mailaender.  - Credit:Thomas Mailaender
Série « Extrem Tourism », 2011, de Thomas Mailaender. - Credit:Thomas Mailaender

Une boîte en carton blanche, banale. À l'intérieur, plus d'un millier de photographies d'accidents de voiture. Sur des tirages comme on n'en fait plus, brillants ou mats au format amateur classique, les carcasses d'aciers apparaissent écrasées, pliées sur le bas-côté d'une route. Rien d'artistique, a priori, dans ce torrent de tôles froissées. Thomas Mailaender a acheté le lot à un collectionneur, qui avait pris soin de brûler celles où figurent des êtres humains. « J'aurais préféré me procurer l'ensemble et voir les gens », dit-il en regardant machinalement le tas. « J'ai immédiatement pensé au philosophe Paul Virilio [décédé en 2018, NDLR], ce qu'il écrivait sur la vitesse et les accidents. »

Ces images seront présentes à la Maison européenne de la photographie (MEP), insérées dans de longs panneaux sous verre. Debout dans son atelier hangar de Marseille, Mailaender supervise les finitions des œuvres destinées à l'exposition, une carte blanche nommée ironiquement « Les Belles Images » qui va occuper 800 mètres carrés de l'institution parisienne.

Parler de rétrospective pour un quadragénaire semble mal ajusté, il s'agit plutôt d'un bilan d'étape pour cet artiste montré auparavant à la Tate Modern de Londres, au musée d'Art moderne de San Francisco, aux Rencontres d'Arles… Mais que ce soit du déjà-vu ou de la création pour cette grande occasion, l'artiste affiche une même ligne : l'absurde, l'incongru, le surréel lui servent de boussole dans ses recherches e [...] Lire la suite