The Limiñanas, ombre porteuse

Longtemps adulé outre-Atlantique, le duo garage-pop de Perpignan convie un brillant casting de musiciens sur l’éthéré «Shadow People».

Lancer la lecture du titre Dimanche, c’est découvrir que le soleil de Perpignan peut faire surgir des ombres déformées, celles du Velvet Underground ou de Can, pour citer les plus emblématiques d’entre elles. Projetées dans le faisceau des Limiñanas, elles prennent la forme d’un remontant pour l’estime du rock français. Alors que l’apéritif matinal tremble sur ce rythme obsédant, invité par le couple Limiñana qui tient la baraque, un type bourru appelé Bertrand Belin déblatère en poète maudit à propos d’une Suzie-Vickie, sûrement une fille du coin : «Elle souffle le chaud, elle souffle le froid, c’est comme ça, faut faire avec.»

Aplomb. Sur cet extrait de leur tournicotant album Shadow People, les Perpignanais The Limiñanas syncrétisent, relax, des exaltations musicales d’un passé proche, qu’on ne voudrait pas voir figées dans le formol, ni devenir les tristes cendres d’une ère qui recycle à gogo. The Limiñanas sont des as de la reprise - celle, subtile, des spirales de guitares sixties, des réverbérations ouatées, du parler-chanter flegmatique et abyssal de Gainsbourg et Bashung - mais aussi, avec une ferveur grandissante, des fresques instrumentales de grands paysagistes tels Ennio Morricone et John Barry.

Le couple Limiñana ne date pas d’hier : Marie et Lionel se sont rencontrés au lycée et leur union musicale bouillonne depuis neuf ans. Les Américains ont été les premiers à s’y frotter - les labels Trouble In Mind et Hozac étant les seuls à distribuer leur garage-pop au départ, aux Etats-Unis uniquement. Andrew Weatherall, Bobby Gillespie de Primal Scream et Anton Newcombe sont fans, et le clament. Depuis leur signature sur le label français Because (Christine and The Queens, Charlotte Gainsbourg, Django Django), un album instrumental avec Pascal Comelade et une compilation vinyle, le groupe voit enfin la France se prosterner. (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Cosey Fanni Tutti Hard de vie
Schubert, bouillonnant «Voyage d’hiver»
Tarek Yamani, rythmes à la joie
Le son du jour #230 : mouvant comme Tomaga
Lucky Thompson, pointure et poing levé du jazz