The Last Of Us sur Prime Video : que vaut l'adaptation en série du jeu vidéo culte ?

De quoi ça parle ?

Quand le monde tel que vous le connaissiez n'existe plus, quand la ligne entre le bien et le mal devient floue, quand la mort se manifeste au quotidien, jusqu'où iriez-vous pour survivre ? Pour Joel, la survie est une préoccupation quotidienne qu'il gère à sa manière. Mais quand son chemin croise celui d'Ellie, leur voyage à travers ce qui reste des États-Unis va mettre à rude épreuve leur humanité et leur volonté de survivre.

La série The Last Of Us est diffusée en US+24 chaque semaine sur Amazon Prime Video. Épisodes vus : 9/9.

C'est avec qui ?

Signée Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann (créateur de la franchise vidéoludique), The Last Of Us peut compter sur un casting de choix. Les rôles principaux de Joel et Ellie ont été attribués à Pedro Pascal (Game of Thrones, The Mandalorian) et Bella Ramsey (Game of Thrones, Catherine Called Birdy).

Le reste de la distribution comprend des noms connus du monde des séries comme Gabriel Luna (Marvel's Agents of SHIELD), Merle Dandrige (Truth Be Told) - qui reprend son rôle de Marlene qu'elle avait déjà incarne dans le jeu vidéo ! -, Anna Torv (Mindhunter), Murray Bartlett (The White Lotus), Lamar Johnson (Your Honor), Storm Reid (Euphoria), Nico Parker (The Third Day), Nick Offerman (Parks and Recreation) et Melanie Lynskey (Yellowjackets).

Et surprise, les deux interprètes de Joel et Ellie dans les jeux vidéo - Troy Baker et Ashley Johnson - sont aussi de la partie dans des rôles bien différents de ce qu'ils ont accompli dans la franchise vidéoludique !

Ça vaut le coup d’œil ?

Attendue depuis deux ans, The Last Of Us débarque enfin sur nos écrans. L’adaptation en série de la célèbre franchise vidéoludique débarque dix ans après la sortie du tout premier jeu. Les fans quémandaient depuis longtemps une adaptation sur le grand ou le petit écran, si bien qu’un film signé Sam Raimi était en projet en 2015, qui a malheureusement été abandonné.

Cinq ans après ce rendez-vous manqué, Neil Druckmann, le créateur des jeux vidéo, trouve un compagnon de route idéal en la personne de Craig Mazin (Chernobyl) pour développer une série commandée par la chaîne câblée américaine HBO. Avec ce duo de showrunners à la tête du projet, les fans ont vite repris espoir.

Et ils auront l’excellente surprise de découvrir, après deux ans d'intense production, la meilleure adaptation de jeu vidéo en live action avec The Last Of Us. C’est une affirmation osée – surtout lorsque l’on sait que l’expérience est risquée et que beaucoup d’autres adaptations d’œuvres vidéoludiques se sont pris les pieds dans le tapis – et pourtant elle est confirmée par notre visionnage des neuf épisodes que contient la saison inaugurale de la série.

Plus qu’une "série de zombies"

The Last Of Us pourrait être qualifiée – à tort – de "nouveau Walking Dead" puisqu’elle traite de thématiques similaires et qu’il s’agit là d’une nouvelle "série de zombies", arrivant de surcroît dans une case laissée vide peu de temps après l’arrêt de la série de Frank Darabont (même si des spin-offs à la qualité aléatoire ont fleuri depuis).

Bien sûr, de nombreuses œuvres post-apocalyptiques ont précédé The Last Of Us et les thèmes de la pandémie ou du survivalisme ont déjà été traités en long, en large et en travers. On retrouve dans The Last Of Us certains codes et stéréotypes bien connus de ce genre de fictions. Mais ce qui aurait pu être un frein à un renouvellement du genre se révèle finalement être une force pour la série.

Pour conquérir un public novice qui n’aurait jamais joué aux jeux, il est déjà plus facile de l’attirer avec un genre bien connu dans lequel il trouvera forcément ses repères et ses marques sans être obligatoirement un fan de la première heure.

Surtout, Craig Mazin et Neil Druckmann ont eu la bonne idée de placer l’intrigue en 2023 (au lieu de 2033 dans le jeu), rapprochant ainsi les spectateurs – qui ont de surcroît réellement vécu une pandémie récemment – au plus près de l’expérience des personnages.

Par ailleurs, grâce à quelques séquences inédites et didactiques venues tout droit de l’esprit de Neil Druckmann et Craig Mazin, le public peut mieux appréhender les enjeux de la série et comprendre les origines de l’infection par le champignon appelé cordyceps, sa mutation et son contrôle des êtres humains ainsi que les conséquences d'une telle épidémie sur une société en déclin.

Et qui de mieux que celui qui s’est attelé, via la série Chernobyl, à retracer l’histoire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl de 1986 et les efforts de nettoyage menés par les autorités soviétiques pour dépeindre les discussions scientifiques et les manœuvres politiques et militaires face à des catastrophes touchant l’humanité au plus profond de son être.

Quand vous êtes perdus dans les ténèbres, cherchez la lumière

Car si le jeu a autant marqué les gamers, c’est pour ses personnages, son univers et sa puissance émotionnelle. Certes, The Last Of Us confronte les joueurs à des situations dangereuses face à des ennemis ou des infectés de tout type, qui permettent d'ajouter de la difficulté et des enjeux d'action intense, mais le jeu mise avant tout sur une expérience humaine à travers son intrigue.

Il était donc impératif que l’adaptation télévisuelle de The Last Of Us ne perde pas l’essence de ce qui a fait le succès de la franchise vidéoludique. À travers les points de vue successifs de Joel et d'Ellie, le jeu casse les notions établies du bien et du mal, remet en question nos convictions et nous foudroie par la naissance ou la renaissance de l'amour - fraternel, paternel ou romantique - qui règne entre les personnages qui ont tous souffert de la perte d'un être cher.

Dans un contexte sombre et incertain, c'est bien cette quête, consciente ou inconsciente, d'un lien humain, qui semble impossible et qui peut se révéler destructeur, et d'une lueur d'espoir qui animent nos héros. Et c'est sur ce terrain là que Neil Druckmann et Craig Mazin nous emmènent avec leur adaptation digne d'une grande tragédie.

Car il faut bien surpasser un problème majeur que toute adaptation de jeu vidéo a rencontré : le fait de passer d'une expérience de contrôle de la part d'un joueur qui vit à travers un personnage et ce qu'il en fait à une expérience de spectateur à qui il faut faire ressentir un sentiment similaire ou proche.

Cela passe à travers des moments suspendus, des regards, des introspections, des dialogues et des gestes, qui enrichissent encore plus les personnages. Cela passe aussi par l'introduction de nouveaux personnages afin de mettre un visage plus humain, et donc plus cruel, sur des menaces ou des comportements déviants accentués par le chaos qui règne sur un monde sans foi ni loi où l'oppression militaire de FEDRA et les rebelles des Lucioles s'affrontent.

Le duo nous offre même des flashbacks sur des histoires connues mais pas développées, notamment un épisode centré sur la relation amoureuse entre Bill et Frank. Mais il nous dévoile également des éléments du passé essentiels à la personnalité de nos héros, notamment l'histoire des frères Henry et Sam ou encore l'intrigue du DLC (contenu téléchargeable) The Last Of Us : Left Behind, centrée sur la romance entre Ellie et Riley.

Ce parti pris oblige à modifier de manière subtile et intelligente quelques rebondissements et autres ressorts narratifs dans le scénario mais laisse aussi de côté quelques chapitres du jeu et quelques combats avec des infectés, ce qui pourrait en décevoir certains. Pourtant, faire un banal copier-coller du jeu en série n'aurait pas rendu justice à l'histoire de The Last Of Us et les mécaniques d'une œuvre vidéoludique, aussi cinématographique soit-elle, et d'une série ne sont pas les mêmes.

Mais que les fans se rassurent, même s'il y moins de monstres présents à l'écran que dans le jeu, la série nous confronte tout de même à quelques séquences spectaculaires, contre des Coureurs, des Rôdeurs, des Claqueurs ou même un magnifique Colosse.

Une adaptation à la hauteur des attentes

On imagine que des raisons budgétaires sont aussi à l'origine d'une présence moins significative des Infectés à l'écran, mais il vaut mieux voir moins d'Infectés de qualité que trop d'Infectés avec un design hasardeux. Et pour confectionner ces créatures, The Last Of Us a pu compter sur le travail d'orfèvre de Barrie Gower, maquilleur et concepteur de prothèses de renom qui a notamment travaillé sur Game of Thrones, Stranger Things et Chernobyl.

Les grands noms ne manquent pas dans l'équipe de la série puisque la musique de la série est signée par le compositeur argentin Gustavo Santaolalla, déjà derrière la bande originale des jeux vidéo. La musique est un élément clé de l'univers de The Last Of Us puisqu'elle berce et sublime de nombreuses séquences contemplatives.

Là où The Last Of Us devrait vous charmer également c'est justement sur sa photographie et sa mise en scène. Entre décors naturels et effets spéciaux, la série bascule quasiment dans le naturalisme grâce à un sens du détail pointu et un grand soin apporté à une retranscription fidèle de l'univers, notamment dans des passages incontournables du jeu, des mécaniques de gameplay reproduites avec fluidité et un chapitrage malin.

Les réalisateurs Ali Abbasi (Les Nuits de Mashhad), Jeremy Webb (Umbrella Academy), Peter Hoar (It's A Sin), Liza Johnson (Physical), Jasmila Žbanić (La Voix d'Aida), et Neil Druckmann et Craig Mazin qui réalisent un épisode chacun, plongent le spectateur dans un cadre très intimiste, proche des personnages et des émotions, sans pour autant oublier la grandeur des étendues américaines ravagées par l'épidémie.

Par ailleurs, The Last Of Us peut aussi compter sur les performances sincères et habitées de son casting - Pedro Pascal et Bella Ramsey en tête et parfaits en Joel et Ellie - qui ont saisi avec perfection les nuances, les forces et les faiblesses de leurs personnages pour livrer des prestations délicates et pertinentes.

Enfin, il est indéniable que la présence de Neil Druckmann, créateur du jeu, en tant que coshowrunner sur la série est un facteur majeur dans cette réussite. Son investissement dans ce projet apporte de l'authenticité, de la sincérité et de la passion qui se ressentent dans cette retranscription en drame haut de gamme pour HBO, une chaîne connue pour ses oeuvres de qualité.

Il y a fort à parier que Neil Druckmann et Craig Mazin savaient très bien que la série ne serait jamais meilleure que le jeu et qu'il fallait donc faire au moins aussi bien. Ils ont choisi d'aborder l'intrigue différemment, comme sur le processus d'infection, tout en gardant l'âme et la poésie présentes dans l’œuvre vidéoludique.

Outre le fait que le jeu soit trop riche pour tenir en un seul film, le format sériel permet d'explorer plus en profondeur les personnages et d'apporter plus d'épaisseur aux seconds couteaux mais surtout d'offrir une expérience épisodique intense à l'image du découpage en chapitres du jeu.

Après cette saison inaugurale réussie, on ne peut qu'espérer que la série soit renouvelée pour d'autres saisons afin de voir l'adaptation du second jeu, The Last Of Us : Part II, qui est une expérience viscérale et émotionnelle encore plus déchirante que le premier opus. En attendant, préparez déjà vos mouchoirs pour la première saison de The Last Of Us.

The Last Of Us est diffusée en US+24 sur Amazon Prime Video.

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