« The Son » de Florian Zeller, une « invitation à sortir de la honte » autour de la santé mentale

Hugh Jackman et Zen McGrath dans « The Son » de Florian Zeller, au cinéma depuis le 1er mars 2023
Hugh Jackman et Zen McGrath dans « The Son » de Florian Zeller, au cinéma depuis le 1er mars 2023

CINÉMA - Le père, le fils et la santé mentale. Florian Zeller garde des souvenirs marquants de spectateurs qui venaient s’ouvrir à lui après les représentations de sa pièce Le Fils, jouée à Paris en 2018, qui raconte l’impuissance d’un père face à la dépression d’un adolescent. « Je sentais surtout à quel point ils ne l’auraient pas dit si ce n’était pas juste après la pièce. Parce qu’il y a quelque chose de l’ordre de la honte, de la gêne, de la culpabilité qui entoure ces sujets », raconte-t-il au HuffPost.

Alors quelques années plus tard, la crise du Covid et ses multiples confinements ayant mis à mal notre santé mentale et particulièrement celle des plus jeunes, le réalisateur a « ressenti l’urgence » d’adapter cette histoire pour le cinéma, convaincu de son « pouvoir cathartique ».

The Son, en salles depuis ce mercredi 1er mars, raconte l’histoire d’une famille décomposée : un adolescent de 17 ans (Zen McGrath) qui traverse une dépression, une mère (Laura Dern) qui a l’impression d’avoir «  tout raté  » lorsque son fils demande à aller vivre chez son père, et ce père (Hugh Jackman) divorcé et remarié, complètement démuni face à son enfant qu’il ne comprend plus.

« Un trou noir qui peut tout dévorer »

À l’inverse de The Father, sublime premier film pensé comme un thriller immersif où le spectateur se retrouvait dans la tête d’un vieil homme souffrant de démence sénile, celui-ci nous tient à distance avec une mise en scène plus froide et linéaire plutôt source de frustration. « Ça m’intéressait de rester sur le seuil, à un endroit d’incompréhension, où il y a beaucoup de questions mais pas de réponse. Pour créer ce sentiment de frustration », explique-t-il. « C’est ainsi que les problèmes de dépression, de maladie mentale, se posent à nous ainsi, comme un mystère, comme un trou noir qui peut tout dévorer. »

Dans The Son, Florian Zeller s’est « interdit de tenter d’expliquer la souffrance de ce garçon, de la résoudre » et se place plutôt du point de vue de ces parents perdus devant la complexité de cette situation pour laquelle ils ne sentent pas armés. « En dépit de leurs bonnes intentions, de leur amour, ils ne savent plus quoi faire. »

« Le pire, c’est de ne pas en parler »

Parce qu’il regarde frontalement le sujet de la dépression adolescente, sans détourner le regard, son film est pour le cinéaste « une invitation à sortir de la honte » et « à prolonger les conversations » spontanées qu’il avait eues après les représentations de sa pièce Le Fils, portée à l’époque par Yvan Attal et Rod Paradot. « Au théâtre, j’ai réalisé presque ’physiquement’ à quel point le sujet de la santé mentale concerne presque tout le monde, plus ou moins directement », se souvient le Français, « or le pire, c’est de le dissimuler, de ne pas en parler. »

L’effet cathartique de cette histoire a déjà fait ses preuves sur le tournage de The Son, à l’été 2021 à Londres. « Toute l’équipe se sentait impliquée par le sujet. On se partageait des souvenirs, des anecdotes. Certains passages rappelaient des étapes douloureuses à certains. Les gens baissaient la garde. C’était beau à voir », raconte Laura Dern dans les notes de production. « Cela faisait remonter chez beaucoup d’entre nous des souvenirs », évoque pudiquement Florian Zeller. « On parlait de ce qui, pour chacun d’entre nous, nous avait amenés à avoir envie de raconter cette histoire et d’en ressentir l’urgence. »

Reste à espérer que les conversations se noueront aussi à la sortie des salles obscures.

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