"The First Slam Dunk": pourquoi l'adaptation ciné du manga culte est un événement

Après Mission Impossible, Barbie et Oppenheimer, les cinémas français accueillent ce mercredi 26 juillet, après plus de huit mois d'attente, un autre événement: The First Slam Dunk, d'après le célèbre manga de Takehiko Inoue, réalisé par ses soins.

À la fois adaptation des derniers chapitres de son œuvre et réinterprétation du destin de l'un de ses personnages secondaires, The First Slam Dunk s'adresse autant à l'amateur de basket et du manga qu'au néophyte.

Immense succès dans les salles obscures nippones en novembre dernier, The First Slam Dunk suit durant deux heures un match de basket opposant deux équipes lycéennes. Des flashbacks apportent un éclairage sur le passé trouble de l'un des jeunes joueurs, Miyagi.

"M. Inoue voulait vraiment mettre en avant ce personnage", raconte à BFMTV le producteur du film Toshiyuki Matsui. "Il a aussi l'habitude de faire face à de nouveaux challenges à chacun de ses projets. Et il ne voulait pas raconter la même histoire que dans le manga."

"Le film apporte un autre point de vue sur le manga", s'enthousiasme de son côté Ken Arto, qui a travaillé sur l'animation de The First Slam Dunk. "Le personnage de Miyagi n'était pas développé dans le manga. Ça lui ajoute une profondeur. C'était bien joué de la part de Inoue."

"Même si je voulais rendre le public heureux, ça n'avait pas de sens d'offrir simplement ce qu'il attendait", a confié Inoue à la sortie. "Les gens pourraient être heureux avec un film adapté d'une histoire précédente, mais, en faisant cela, je ne peux pas me convaincre moi-même. Je voulais donc montrer une nouvelle histoire au public."

Un triple événement

La sortie de The First Slam Dunk est un événement, d'abord, parce qu'il marque le retour sur le devant de la scène de l'un des mangas les plus populaires des années 1990. Aussi important que Dragon Ball à cette époque-là, Slam Dunk a permis de démocratiser le basket dans l'archipel japonais.

The First Slam Dunk devrait ensuite rester unique en son genre, parce que Takehiko Inoue détient lui-même les droits de Slam Dunk, la possibilité de voir un autre film ou une autre série inspirée de son chef-d'œuvre est peu probable, note Ken Arto: "Ils ont déjà mis dix ans pour le convaincre... Et Inoue ne se répète jamais."

Le film marque aussi le retour de Takehiko Inoue, mangaka de génie qui a interrompu au début des années 2010 la prépublication de ses deux séries en cours, le récit de samouraïs Vagabond et l'ode à l'handisport Real.

Enfin, The First Slam Dunk, sorti au Japon en décembre 2022, fait date dans l'histoire de l'animation japonaise. Avec une recette de 263 millions de dollars, il est le premier film japonais en 3D à décrocher un tel score au box-office.

"Qu'un film 3D ait autant marché au Japon, ça a beaucoup marqué", confirme Ken Arto, qui a animé la partie 2D de The First Slam Dunk. "Il a notamment marqué les animateurs 2D. Il va y avoir de plus en plus de projets qui vont mixer la 2D/3D grâce au succès de ce film."

Laisser mûrir le projet

Takehiko Inoue avait seulement 23 ans quand il a commencé la publication de Slam Dunk dans le Weekly Shōnen Jump. Il avait la cinquantaine passée quand il a accepté, sous la pression du producteur Toshiyuki Matsui, de réaliser un film dérivé.

Fort de ses trente ans de carrière, qui lui ont permis d'atteindre un niveau d'exigence artistique extrême, Takehiko Inoue a apporté à The First Slam Dunk des éléments qu'il a vécus lui-même, depuis. De quoi enrichir une œuvre qui s'appuie sur le basket pour parler aussi de l'importance de la famille et de la camaraderie.

"M. Inoue est quelqu'un de très réfléchi", précise son producteur. "Il a eu besoin de temps pour laisser mûrir ce projet. Il lui a fallu du temps pour comprendre ce qu'il pourrait faire avec Slam Dunk au cinéma. Ça lui a pris huit ans."

Apprendre la réalisation

Takehiko Inoue, qui n'avait aucune expérience en matière de réalisation, et a traversé une crise existentielle dans les années 2010, a longtemps réfléchi à la meilleure manière de retranscrire à l'écran l'énergie de son manga de basket.

"Comme il vient du manga, il ne savait pas comment transmettre certaines émotions au cinéma", confirme Toshiyuki Matsui. "Ça a été très difficile pour lui."

"Un autre aspect difficile pour lui à assimiler a été l'absence de bulles et d'onomatopées au cinéma", explique encore le producteur. "Il a dû absorber les techniques du son, du doublage. Ça a été long pour lui."

Pendant cinq ans, Inoue s'est familiarisé avec le métier de réalisateur en étant "guidé par plusieurs metteurs en scène", glisse Ken Arto. "Je lui ai conseillé aussi de regarder un documentaire sur Ghibli et un autre sur Hitchcock", s'amuse Toshiyuki Matsui.

"Contrairement au manga, où il peut adapter la taille de sa case à son bon vouloir, au cinéma, la taille de l'écran est fixe", poursuit ce dernier. "Il a dû adapter sa vision à cet espace restreint."

"Il a évolué en dessin"

The First Slam Dunk impressionne par sa représentation réaliste d'un match de basket. Inoue, en fin connaisseur du sport, a veillé au grain: "Il a dessiné plus que n'importe qui dans le staff. Il a beaucoup corrigé le travail des animateurs", insiste Toshiyuki Matsui.

"Il s'est appliqué à faire en sorte que l'image finale soit exactement conforme à ce qu'il avait imaginé. Il n'arrêtait pas de donner des instructions, jusqu'à ce que ce soit parfait. Il a même évolué en dessin grâce à ça!", s'exclame le producteur.

Avec son film, Inoue a voulu reproduire sur grand écran l'émerveillement ressenti devant son manga. Jusqu'à la sortie, il n'a dévoilé aucune image du film. Une stratégie qui a fait ses preuves et a inspiré Ghibli pour le dernier Miyazaki.

"Son idée était vraiment de reproduire l'expérience de lire un manga", conclut Toshiyuki Matsui. "Quand un manga est fermé, on ne voit pas son contenu. Il faut l'ouvrir pour découvrir son contenu. C'était la même idée avec ce film."

Article original publié sur BFMTV.com