“The Bikeriders” ou comment la veste en cuir symbolise toujours la rébellion

À l’écran, peu de vêtements trahissent aussi facilement le caractère d’un personnage. “Depuis que Marlon Brando a franchi le seuil du bar dans L’Équipée sauvage (1953), […] la veste en cuir symbolise la rébellion”, analyse le site britannique The Independent.

Marlon Brando dans “L’Équipée sauvage” (1953).
“L’impact du film de Laszlo Benedek sur la culture des jeunes, le cinéma et la notoriété du cinéma a été incommensurable, rappelle “The Independent”, même si son héritage le plus durable ne réside pas dans l’arrogance de Brando, mais dans sa veste en cuir noire.”
. Photo Archives du 7e Art/Photo12/AFP
Marlon Brando dans “L’Équipée sauvage” (1953). “L’impact du film de Laszlo Benedek sur la culture des jeunes, le cinéma et la notoriété du cinéma a été incommensurable, rappelle “The Independent”, même si son héritage le plus durable ne réside pas dans l’arrogance de Brando, mais dans sa veste en cuir noire.” . Photo Archives du 7e Art/Photo12/AFP

L’emblème est remis en valeur par The Bikeriders. Sorti le 19 juin en France, le long-métrage de Jeff Nichols plonge dans les États-Unis des années 1960.

Johnny (Tom Hardy) fonde un club de motards, en s’inspirant justement du personnage de Marlon Brando, et Benny (Austin Butler), membre de la troupe, est prêt à se battre pour garder son blouson.

“[Les costumes du film ont] cet aspect ‘vécu’. Ils sont résistants et ont beaucoup servi, ce sont des vêtements fonctionnels pleins d’accrocs, de taches d’huile de moteur et d’éraflures.”

La critique de film britannique Christina Newland dans “The Independent”

Jodie Corner et Austin Butler dans “The Bikeriders”, de Jeff Nichols. “The Independent” rappelle le rôle central d’Irving Schott dans la diffusion de la veste en cuir. Il “a conçu la désormais emblématique veste Perfecto en 1928, en lui donnant le nom de son cigare préféré”. Le Perfecto “était vendu à l’origine dans les magasins Harley-Davidson, ce qui signifie qu’il était dès le départ étroitement lié à la culture des motards”.. PHOTO FOCUS FEATURES/UNIVERSAL PICTURES

D’où vient cet “uniforme du rebelle” comme le décrit le site ? C’est paradoxalement une réappropriation de tenues utilisées par des figures d’autorité, comme les policiers américains, et surtout les pilotes de l’armée de l’air, qui avaient besoin de vêtements chauds et résistants.

“Après la Seconde Guerre mondiale, l’important surplus des vestes d’aviateur a irrigué le marché de seconde main, ce qui a rendu leurs prix accessibles.”

La critique de film britannique Christina Newland dans “The Independent”

Particulièrement adapté à la pratique de la moto, le blouson noir est adopté par les clubs de bikers, “même les Hell’s Angels [à la réputation sulfureuse] imitaient les agents de la police des autoroutes”, s’amuse Roger K. Burton, spécialiste britannique de la mode, interrogé par The Independent.

Peter Fonda et Jack Nicholson dans “Easy Rider”
(1969), de Dennis Hopper. “Dans ce classique de la contre-culture, rappelle “The Independent”, Peter Fonda, qui porte une veste en cuir ajustée avec des étoiles et des rayures brodées dans le dos, parcourt les autoroutes américaines en fumant de l’herbe et en s’attirant des ennuis.”. PHOTO COLUMBIA PICTURES/PANDO COMPAN/Collection ChristopheL/AFP

Mais c’est bien le cinéma qui va coudre l’imaginaire collectif du jeune anticonformiste dans la doublure de la veste en cuir.

The Independent cite quelques classiques qui y contribuent, comme le road-movie Easy Rider (1969) ou la comédie musicale Grease (1978). De quoi aussi donner un sens de communauté.

Réapproprié depuis par la haute couture et la fast fashion, la veste en cuir n’est plus aussi subversive qu’elle a pu l’être.

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