Terminal T4 à Roissy : de nombreuses inquiétudes chez les opposants

L'aéroport Roissy-Charles de Gaulle
L'aéroport Roissy-Charles de Gaulle

La construction d’un nouveau terminal à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle inquiète, pour des raisons écologiques et de santé. Douze associations ont écrit à Emmanuel Macron.

L’aéroport de Roissy devrait bientôt s’agrandir. Le projet de construction d’un quatrième terminal est en bonne voie. S’il aboutit, en 2037, il permettra de faire passer le trafic aérien de 1 300 à 1 800 mouvements d'avions par jour en moyenne. Coût du projet : 7 milliards d’euros sur 167 hectares pour la “construction d'un ensemble de bâtiments, de réseaux de desserte interne à la plate-forme, d'aires de stationnement et de voies de circulation avions”, selon le projet porté par Aéroports de Paris.

Une extension qui ne passe pas chez les associations de défense de l’environnement. Douze d’entres elles ont publié une tribune dans Libération, adressée directement à Emmanuel Macron. Dans cette lettre ouverte au président de la République, ces associations demandent que l’Etat s’oppose au projet, au nom de la “cohérence climatique”.

“Un problème de cohérence”

Les associations rappellent à Emmanuel Macron son discours du 24 septembre à l’assemblée générale de l’ONU : “vous avez déclaré qu’il fallait ‘remettre en cohérence nos agendas et nos actions’ et qu’il fallait ‘que les grands pays de ce monde arrêtent de financer de nouvelles installations polluantes dans les pays en voie de développement’. Elles dénoncent également un manque de cohérence avec ce projet : “Il ne fait aucun doute que le projet de terminal 4 à Roissy-Charles-de-Gaulle n’est pas cohérent avec les engagements de la France”.

“On craint un impact irréversible sur le climat. La hausse de 38% du trafic va entraîner une explosion des émissions de CO2. On met en avant la compensation carbone ou les agrocarburants, mais ce ne sont pas de bons arguments. Les agrocarburants, sont une source de déforestation. Il n’y a pas de solution à part mettre des moyens pour réduire le trafic aérien”, explique Audrey Bohély, membre d’un collectif de citoyens, signataire de la tribune.

Des craintes pour la santé des riverains

Pour appuyer leurs arguments sur le projet jugé “climaticide”, les associations s’appuient sur les chiffres de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). “Le trafic aérien de Roissy a été responsable de l’émission de 13,2 Mt CO2 en 2018 pour 72,3 millions de passagers. En 2037, on peut estimer qu’il sera responsable de l’émission de 17,4 Mt CO2, dont 6,2 Mt attribuables aux 40 millions de passagers supplémentaires accueillis par le T4”.

Aux arguments environnementaux mis en avant par certaines associations s’ajoutent la colère et l’inquiétude des riverains de l’aéroport. Françoise Brochaut, présidente de l’association de défense du Val-d’Oise contre nuisances aériennes (Advocnar) dénonce les conséquences d’un nouveau terminal. “500 mouvements d’avion par jour, c’est la santé des riverains qui va encore un peu plus se dégrader”, dénonce celle qui habite à 17 km de l’aéroport.

Un lien entre le bruit des avions et le risque d’AVC

Plusieurs études démontrent que le bruit des avions entraînerait de l’hypertension artérielle, des troubles du sommeil et une hausse du stress chez les riverains des aéroports. Une étude britannique démontre que le bruit des avions entraîne chez les riverains des aéroports un risque accru de 25% d’AVC et de 14% de maladie cardiaque. “Avec la construction possible du terminal 4, et ses 500 passages d’avions supplémentaires par jour, on craint que la santé des riverains ne se dégrade davantage”, s’inquiète Françoise Brochaut.

Parmi les opposants au projet, certains maires de communes proches, comme le maire PS de Gonesse, Jean-Pierre Blazy. En avril dernier, il dénonçait la logique du gigantisme aéroportuaire avec un développement sans limites du trafic et des conséquences sur la santé, le cadre de vie, le patrimoine, la sécurité des populations riveraines. Un tel développement ne peut se faire sans régulation économique, sociale et environnementale”.

Au printemps 2019, une concertation publique a été menée durant trois mois. A son terme, ADP a pris 29 engagements, dont certains concernent le bruit. Insuffisant, expliquait la présidente de l’association Advocnar dans Le Parisien : “Zéro mesure ferme de diminution du bruit et zéro de baisse de la pollution chimique. Il n'y a rien de concret dans ces annonces”.

Le 9 octobre dernier, les opposants, dont des élus locaux, au T4 ont perturbé une réunion en présence d’ADP et du préfet d’Ile-de-France, pour tenter de se faire entendre. Ils en appellent désormais au président de la République pour renoncer à ce projet.