Teresa Cremisi. Alexandr(i)e la grande

Teresa Cremisi.

Née en Egypte, grandie en Italie, la directrice des éditions Flammarion lâche les rênes et se raconte dans un premier roman.

C’est une femme qui nage droit devant vers l’hiver de la vie et qui en revient, cheveux mouillés à tordre quand tant de précautionneuses brassent à l’indienne. Et voilà que la guerrière retire ses palmes et se fait romancière pour sécher au soleil sur des pierres noires et blanches qui pourraient être les livres brûlés d’une bibliothèque ancienne.

Teresa Cremisi, qui aura 70 ans avant la remise du prochain Goncourt, sort du bain de l’édition qui a fait sa gloire et aussi son bonheur éclatant. Elle quitte la direction de Flammarion mais continuera à s’occuper des auteurs qu’elle a faits siens : Houellebecq, Reza, Angot, Millet, Rufin, Onfray, Giesbert. Afin de savonner les aigreurs que pourrait déclencher cette dépossession, Teresa Cremisi ose une bravade qui l’honore. Elle qui pilotait une maison forte de 650 salariés qui sortait 1 400 livres par an publie un premier roman très autobiographique de 206 pages. Cela a pour nom la Triomphante, et ce titre est la déclaration d’orgueil maintenu d’une aventurière. Elle aura beau faire valoir que la Triomphante est un vaisseau datant de 1848, et en montrer les gravures épinglées aux murs de son 80 m2 d’un très agréable quartier de la rive gauche, on n’en croira pas un mot. La facture de l’ouvrage est d’un classicisme alerte, où chatoie un jeu de correspondances réussi. Ce qu’on préfère, ce sont les notes ironiques en fin de chapitre. Il s’agit de refuser le pathos qui larmoie, de passer outre, de saborder les regrets.

Dauphin, dauphine. Le jeu de société consiste à se chercher des totems. «Dauphin», voici le premier animal qui vient à l’esprit de celle qui aima modérément être la dauphine de l’édition française. Numéro 2 chez Gallimard, elle prit toute son indépendance chez Flammarion, avant de voir Antoine Gallimard racheter la maison dont elle était la diva assoluta. L’amie de Teresa, qui la soumet à (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Le monde selon Suzie
Dans la poche
Le meilleur des Kallocaïnomondes
«L’Adjacent» : dommages équilatéraux
«L’Elargissement du poème», recueil divers