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Tensions au Cachemire, le Pakistan dit ne pas souhaiter une escalade

Le Pakistan a annoncé mercredi avoir abattu deux chasseurs de l'armée de l'air indienne mais précise n'avoir pas eu d'autre choix et ajoute qu'il ne souhaite pas d'une escalade entre les deux puissances nucléaires. /Photo prise le 27 février 2019/REUTERS/Danish Ismail

par James Mackenzie et Alasdair Pal

ISLAMABAD/NEW DELHI (Reuters) - Le Pakistan a annoncé mercredi avoir abattu deux chasseurs de l'armée de l'air indienne mais précise n'avoir pas eu d'autre choix et ajoute qu'il ne souhaite pas d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

Le général Asif Ghafoor, porte-parole en chef des forces armées pakistanaises, a précisé que l'aviation pakistanaise avait délibérément évité de causer des dommages. Il a ajouté que deux pilotes indiens avaient été capturés.

La réaction pakistanaise intervient au lendemain d'une opération de l'aviation indienne en territoire pakistanais, la première depuis la guerre de 1971.

Des échanges de tirs ont également opposé des forces au sol dans plus d'une dizaine d'endroits le long de la Ligne de contrôle (LDC) qui sert de frontière à travers le Cachemire.

"L'histoire nous enseigne que les guerres font faites d'erreurs de calcul. Ma question, compte tenu des armes que nous possédons, c'est est-ce que nous pouvons nous permettre une erreur de calcul", a déclaré le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, lors d'une courte allocution télévisée.

"Nous devrions nous asseoir à une table et discuter", a-t-il ajouté.

RIPOSTE

Cet accès de tension est la conséquence de l'attentat suicide à la voiture piégée du 14 février dernier qui a fait au moins 40 morts dans les rangs des forces indiennes de sécurité dans la partie sous contrôle indien du Cachemire. L'attaque a été revendiquée par le Jaish-e-Mohammed, un groupe islamiste armé que New Delhi accuse d'utiliser des bases arrière au Pakistan.

L'aviation indienne est entrée en action mardi contre un camp d'entraînement présumé du JeM situé au Pakistan.

Un nouveau raid aérien a été mené par l'aviation indienne mercredi dans l'espace aérien pakistanais, entraînant une réaction de l'armée pakistanaise.

Selon le général Ghafoor, un des deux avions abattus s'est écrasé dans la partie indienne du Cachemire; l'autre est tombé en territoire pakistanais.

Les forces pakistanaises ont également frappé à l'intérieur de la partie indienne du Cachemire en prenant le soin d'éviter toute installation civile ou militaire, a souligné Ghafoor.

"Si l'Inde frappe de présumés soutiens terroristes sans la moindre preuve, nous nous réservons le droit réciproque de riposter contre des éléments qui bénéficient de la protection de l'Inde pour mener des actes de terrorisme au Pakistan", explique le ministère pakistanais des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le général Ghafoor a souligné pour sa part qu'"il ne s'agissait pas d'une riposte au sens littéral, mais d'un moyen de dire que le Pakistan a la capacité de le faire, même si nous voulons être responsables, nous ne voulons pas d'escalade, pas de guerre".

APPELS À LA RETENUE

Selon des responsables de la police du Cachemire indien, deux pilotes et un civil ont été tués après qu'un avion de l'armée de l'air s'est écrasé au sol. Ils n'ont pas confirmé que l'appareil avait été abattu par les forces pakistanaises.

Raveesh Kumar, porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, a assuré lui que les frappes aériennes du Pakistan sur des cibles militaires avaient été "mises en échec".

L'Inde, a-t-il dit, a abattu un avion pakistanais qui a atterri en territoire pakistanais - ce que dément son voisin - et n'a pas perdu qu'un seul, et non deux avions.

Les autorités indiennes ont ordonné la fermeture de plusieurs aéroports du Cachemire, dont celui de Srinagar, le principal de la région.

Le Pakistan a fermé son espace aérien, a indiqué l'agence européen du contrôle aérien Eurocontrol.

Le Pakistan et l'Inde, puissances nucléaires depuis 1998, se sont livré trois guerres depuis leur indépendance, en 1947.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, s'est entretenu individuellement avec ses homologues indien et pakistanais afin de leur demander d'éviter "de nouvelles actions militaires" et éviter "coûte que coûte une escalade".

La Chine et l'Union européenne ont également appelé à la retenue.

A Londres, Theresa May a souligné que le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, était "profondément préoccupé par la montée des tensions entre l'Inde et le Pakistan" et "appelle dans l'urgence les deux parties à éviter une nouvelle escalade".

"Nous sommes en contact régulier avec les deux pays, les engageant au dialogue et à des solutions diplomatiques pour assurer la stabilité régionale", a poursuivi la Première ministre britannique, évoquant en outre des discussions avec ses partenaires notamment au Conseil de sécurité des Nations unies.

(avec les bureaux de Reuters; Henri-Pierre André pour le service français)