Tension sino-japonaise autour d'un sanctuaire militaire à Tokyo

Des députés japaonais sont conduits par un prêtre Shinto dans le sanctuaire militaire de Yasukuni à Tokyo, un lieu considéré par la Chine et la Corée du Sud comme le symbole de l'impérialisme militaire nippon. Leur visite a irrité Pékin et Séoul. /Photo prise le 22 avril 2014/REUTERS/Yuya Shino

TOKYO (Reuters) - Un ministre et quelque 150 députés japonais se sont rendus mardi au sanctuaire militaire de Yasukuni à Tokyo, un lieu considéré par la Chine et la Corée du Sud comme le symbole de l'impérialisme militaire nippon. Le Premier ministre, Shinzo Abe, avait adressé un don rituel au sanctuaire lundi mais avait décidé de ne pas s'y rendre en personne alors que Barack Obama est attendu mercredi pour une visite de trois jours au Japon. Son ministre de l'Intérieur, Yoshitaka Shindo, et l'un de ses proches conseillers sont allés se recueillir dans ce sanctuaire, où sont inhumés des soldats japonais mais également quatorze criminels de guerre condamnés par un tribunal allié après la Seconde Guerre mondiale. "Cette visite est faite à titre personnelle et je ne pense pas qu'elle aura de conséquence sur la visite du président des Etats-Unis", a déclaré Yoshitaka Shindo devant la presse. Ce dernier avait déjà provoqué la colère de Pékin en se rendant récemment dans le sanctuaire. Shinzo Abe s'était lui-même déplacé sur les lieux en décembre dernier s'exerçant à un numéro d'équilibriste pour contenter la frange conservatrice de ses partisans tout en essayant de minimiser l'importance des critiques internationales. Les Etats-Unis s'étaient alors déclarés "déçus". Mardi, l'agence de presse officielle chinoise Chine nouvelle a parlé d'"acte de provocation" à propos de la visite du ministre et des parlementaires nippons. "Même s'il a décidé de ne pas participer en personne à l'hommage cette fois-ci, Abe a adressé (lundi) une offrande, une tentative évidente de jouer sur les deux tableaux en évitant d'embarrasser Obama au plan diplomatique tout en apaisant les forces droitières au niveau national", estime l'agence. A Séoul, un porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères a déclaré que le Japon "idéalisait" ses agressions militaires passées, dans une référence évidente à l'occupation de la péninsule coréenne entre 1910 et 1945. "Nous pensons qu'il est insensé qu'ils parlent de l'avenir avec les pays voisins alors qu'ils participent à un hommage dans un tel lieu", a-t-il ajouté. Le secrétaire général du gouvernement japonais a quant à lui parlé d'initiative personnelle des parlementaires, expliquant que les condamner seraient enfreindre leur liberté de pensée. "C'est la position de fond du gouvernement Abe", a-t-il dit. (Elaine Lies, avec Kahyun Yang à Séoul, Pierre Sérisier pour le service français, édité par Marc Angrand)