La tendance mode de cet automne ne vous dispensera pas du casque de moto

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Jennyfer honda jennyfer

MODE - Vroum vroum. Ce n’est pas le bruit du moteur de cette grosse bécane qui vient de filer à pleine vitesse, mais bien celui que nous inspire la nouvelle collection de l’enseigne française de mode Jennyfer, disponible en boutique depuis ce mois d’octobre.

Il y est question de crop tops moulants à manches courtes ou longues, de tee-shirts XXL ou zippés façon seconde peau, d’une veste en molleton noire, blanche, rouge et bleue, mais aussi d’un gros bomber. Le tout, floqué des mots « Speed racing » sur le devant ou d’un imposant logo. Pas celui de la marque de vêtements, mais du constructeur automobile japonais Honda, qui signe, ici, sa première collaboration avec le monde du prêt-à-porter.

« Oublions le jogging et faisons de la place pour le racing », encourage Jennyfer dans un communiqué. Avec sa capsule inédite, la marque nous invite à revendiquer notre « amour pour la vitesse » au gré de coupes près du corps « pour souligner notre silhouette ». De quoi étonner Dinah Sultan, styliste chez Pecler’s Paris, agence de tendances. « Je n’aurais jamais vu ces deux marques se rencontrer », concède cette dernière.

Des alliances stratégiques

En revanche, ce n’est pas la première incursion d’un fabricant de voitures (ou de motos) dans la mode. On se souvient de Porsche, en avril dernier, et de ses valises Rimowa parfaitement adaptées au coffre de ses véhicules. Ou encore, cet été, du partenariat entre Yamaha et Maëva Marshall, mannequin française de renom et fada de deux-roues. De son côté, Ferrari a lancé sa propre maison vestimentaire et défile, depuis l’été 2021, à chaque Fashion Week de Milan.

MILAN, ITALY - SEPTEMBER 25: A model walks the runway of the Ferrari Fashion Show during the Milan Fashion Week Womenswear Spring/Summer 2023 on September 25, 2022 in Milan, Italy. (Photo by Jacopo Raule/Getty Images)
Jacopo Raule / Getty Images MILAN, ITALY - SEPTEMBER 25: A model walks the runway of the Ferrari Fashion Show during the Milan Fashion Week Womenswear Spring/Summer 2023 on September 25, 2022 in Milan, Italy. (Photo by Jacopo Raule/Getty Images)

L’alliance de ces deux mondes, a priori très éloignés, n’est pas surprenante. C’est du gagnant-gagnant. « Pour la marque de mode, ça lui permet de piocher dans une esthétique qui n’est pas forcément la sienne, dans des codes un peu nerveux, des graphismes impactant, analyse Dinah Sultan. Quant à la marque auto, elle s’étend ainsi vers un univers plus lifestyle », compatible avec son actuelle quête de fantaisie, comme a pu en témoigner la récente carrosserie du plasticien Jeff Koons imaginée pour BMW.

L’idée : capter une nouvelle clientèle. Pas d’un point de vue des ventes, mais plutôt en matière d’image de marque. « La mode permet à ces fabricants de continuer à faire parler d’eux, à l’heure où ils mettent l’accent sur leur transition vers l’électrique, poursuit l’experte. Cela fait vivre l’image de marque à travers le vêtement pour ces générations qui, aujourd’hui, remettent beaucoup en question notre usage des voitures. »

Balenciaga et Kim Kardashian

La fascination de la mode pour les sports auto, elle, a toujours existé, et notamment dans le vestiaire masculin qui s’est beaucoup inspiré des motards et de leurs perfectos, blouson de cuir créé par la marque Schott, en 1928. Cette percée côté femmes est en revanche plus récente et s’installe plutôt dans les collections automne-hiver 2022, celles actuellement en boutique.

Ça se retrouve dans les accessoires, comme dans les gants. Chez Gucci, ils ressemblent à des mitaines jaunes rembourrées. Chez Dior, même couleur, mais leur longueur rappelle celle des gants dits « d’opéra ».

PARIS, FRANCE - MARCH 01: (EDITORIAL USE ONLY - For Non-Editorial use please seek approval from Fashion House) A model walks the runway during the Dior Womenswear Fall/Winter 2022-2023 show as part of Paris Fashion Week on March 01, 2022 in Paris, France. (Photo by Peter White/Getty Images)
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Pour ce qui est de Louis Vuitton et Balmain, on mise sur des robes, des jeans et des vestes dont les épaulettes, le torse ou les genoux sont comme coqués, semblables à des amures ou des tenues de Formule 1. C’est le signe, selon le magazine I-D, d’une ère où la mode « s’intéresse de plus près à la technologie et au vêtement comme outil de protection  ».

(EDITORIAL USE ONLY - For Non-Editorial use please seek approval from Fashion House) A model walks the runway during the Balmain Womenswear Fall/Winter 2022-2023 show at Carreaux Du Temple as part of Paris Fashion Week on March 2, 2022 in Paris, France. (Photo by Estrop/Getty Images)

Et ça marche. Chez les people, Kim Kardashian et Aya Nakamura ont toutes les deux été vues avec le même blouson de cuir Balenciaga. Celui de Julia Fox vient de chez Diesel. Kylie Jenner s’y est mise. Bella Hadid, grande dénicheuse de tendances, aussi. « Ça leur confère une image de femmes ’puissantes’, observe Dinah Sultan, selon qui la carure imposante de ces vestes prend des airs de carapace. Il y a là une idée de différenciation, d’emprunt de codes vestimentaires dits ’masculins’. »

« Logomania »

La pop culture, qui depuis plusieurs années baigne dans l’univers des sports auto, a favorisé l’essor du phénomène mode. Le dernier album de la reine de la « pop flamenco » Rosalia s’intitule MOTOMAMI, un mélange selon elle d’agressivité et de douceur qui rejoint la dichotomie entre délicatesse et dureté de cette tendance mode. Sur Netflix, la série Formula 1 a fait un carton. Avant ça et plus perché, Titane de Julia Ducourneau a reçu la Palme d’Or en 2021.

LOS ANGELES, CA - MARCH 03: Kim Kardashian is seen on March 03, 2022 in Los Angeles, California.  (Photo by Rachpoot/Bauer-Griffin/GC Images)
Rachpoot/Bauer-Griffin / GC Images LOS ANGELES, CA - MARCH 03: Kim Kardashian is seen on March 03, 2022 in Los Angeles, California. (Photo by Rachpoot/Bauer-Griffin/GC Images)

L’autre levier de vitesse, c’est la tendance « logomania ». En petit ou en énorme, les marques exhibent à tout va leur logo sur chaque vêtement, chaque accessoire. Et quand ce n’est pas leur logo, c’est leur nom. Un peu comme les sponsors sur les chasubles de Lewis Hamilton, Max Verstappen et autres pilotes de course.

Ceci étant, contrairement à ce que présuppose Jennyfer dans son communiqué, le courant n’est pas hérité du sportswear, tendance de fond de ces dix dernières années. « Les équipementiers de sport auto vivent dans un écosystème très différent, ils n’ont pas vraiment de magasins répandus dans les rues, nous assure la spécialiste de Pecler’s. C’est un autre univers, une nouvelle source d’inspiration. » Allez, on passe la seconde et on n’oublie pas son casque.

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