Tempête Monica : Pourquoi la France est-elle touchée par une série d’épisodes cévenols depuis février ?

Depuis le 9 février 2024, la France a connu trois épisodes cévenols remarquables. (Illustration : 14 juin 2007 à Saint-Germain-des-Prés en Dordogne)
PIERRE ANDRIEU / AFP Depuis le 9 février 2024, la France a connu trois épisodes cévenols remarquables. (Illustration : 14 juin 2007 à Saint-Germain-des-Prés en Dordogne)

ENVIRONNEMENT - Dans le Gard, la Cèze est montée à plus de 9 mètres. Du jamais vu depuis 1976. Ce dimanche 10 mars, le Rhône pourrait atteindre 6 mètres à hauteur d’Avignon. Ce serait une première depuis 2003. Ces cours d’eau débordent après les précipitations extrêmes qui se sont abattues sur le Sud-Est de l’Hexagone, liées à un épisode cévenol « remarquable » pour l’hiver, explique Gaétan Heymes, ingénieur prévisionniste sur X. Ce dimanche, quatre personnes sont toujours portées disparues après avoir été emportées dans le Gard et l’Ardèche, alors que trois corps sans vie ont été découverts.

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Depuis le 9 février, la France a déjà été frappée par trois épisodes cévenols, pourtant rares en hiver. Ce sont en effet des « phénomènes météorologiques intenses qui arrivent généralement à l’automne, pas au mois de février ou de mars », souligne la climatologue Françoise Vimeux, dans les colonnes de Libération.

De fait, après l’été, l’atmosphère commence à se refroidir alors que la mer Méditerranée est encore chaude, ce qui favorise les conflits de masses d’air et l’apparition d’orages accompagnés de pluies intenses. Ce sont les fameux « épisodes méditerranéens », ou cévenols quand ils surviennent dans le Cévennes, où les massifs, facteur aggravant, les rendent encore plus intenses.

Intensification des fortes pluies

Mais alors pourquoi l’Hexagone est-il frappé par une série d’épisodes cévenols en plein hiver ? Est-ce à cause de la chaleur exceptionnelle et les records de températures enregistrés en janvier et février ? Si on ne peut pas lier directement un phénomène météorologique avec le changement climatique, une intensification des fortes pluies sur les régions méditerranéennes est notable ces dernières décennies avec l’augmentation des températures.

Météo France remarque notamment une « augmentation de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts, en particulier ceux dépassant le seuil de 200 mm (de pluie, ndlr) en 24 heures », soit l’équivalent de deux mois de pluie en une journée, entre 1961 et 2015.

« Dans un climat plus chaud, on s’attend à ce que les quantités de pluies soient plus importantes quand il pleut », poursuit Françoise Vimeux, qui rappelle que « lorsque l’atmosphère se réchauffe d’un degré, elle peut contenir 7 % de vapeur d’eau en plus ».

Inadaptation du territoire

« Malheureusement, nous ne sommes pas préparés aujourd’hui à faire face à ces événements de pluies torrentielles et beaucoup de zones inondables sont exploitées et habitées », déplore la scientifique, qui appelle à un réaménagement du territoire avec une urbanisation limitée pour permettre à l’eau de s’infiltrer.

Outre les épisodes cévenols, les scientifiques scrutent particulièrement ce qu’il se passe dans le bassin méditerranéen, l’un des « points chauds » la planète puisqu’il se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde.

En Méditerranée, « tous les types de phénomènes y sont en changement : vagues de chaleur, de froid, inondations, pluies extrêmes, sécheresses, risques de feu, augmentation des cyclones méditerranéens… », développait en 2021 le climatologue et rapporteur du Giec Robert Vautard, dans une interview au média Toute l’Europe.

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