Tempête dans un bénitier

Une simple croix de ciment va-t-elle exacerber un peu plus le conflit religieux que les dévots de tous bords s’échinent à entretenir ? On connaît l’objet du délit : après la plainte d’une association de libres-penseurs, le Conseil d’Etat a désavoué l’érection d’une croix au-dessus d’une statue de Jean Paul II sur le territoire de Ploërmel en Bretagne. Aussitôt, les défenseurs des «racines chrétiennes» du vieux pays ont crié au scandale en stigmatisant une laïcité à leurs yeux dévoyée.

On peut juger baroque d’interdire qu’une croix surmonte la statue d’un pape. Mais le Conseil d’Etat n’a fait en l’espèce qu’appliquer la loi de 1905, qui interdit l’apparition de nouveaux emblèmes religieux dans l’espace public en sus de ceux qui y sont déjà.

On remarquera aussi que la Bretagne ne manque pas de signes religieux dans son espace public, c’est le moins qu’on puisse dire, et que la décision de la haute instance ne les menace en aucune manière. Si bien que la virulente mise en cause de cet arbitrage s’apparente de toute évidence à la critique à peine voilée de la loi de 1905, qui organise la pratique de la laïcité en France. Funeste tentation.

En mettant en cause les excès supposés du «laïcisme», on peut à bon droit soupçonner que ces procureurs souhaitent en fait établir, ou rétablir, au nom d’une identité française marquée par la chrétienté, la prédominance psychologique, symbolique, et peut-être juridique, de la religion catholique en France. Le tout brandi au nom de la menace supposée que ferait courir à ladite identité l’émergence de l’islam. C’est rendre le plus signalé des services au communautarisme, dont on déplore par ailleurs la montée en puissance.

Si l’on affaiblit la laïcité, si l’on en déplore les «excès» (largement imaginaires) bien plus que les bienfaits, on offre un argument en or aux zélateurs des autres cultes, qui ne manqueront pas d’attaquer à leur tour le même principe, cette fois au nom de leur propre chapelle. En lieu et place de principes universels (...)

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