Smartphones, écrans, objets connectés : comment réduire notre empreinte numérique environnementale ?
Notre consommation de téléphones, d’ordinateurs et autres écrans a un impact environnemental de plus en plus grave. Mais il est possible d’y remédier.
D’après une étude menée par le cabinet GreenIT qui sera rendue publique ce 22 octobre, notre consommation numérique a un impact environnemental très important, et, surtout, croissant.
Si l’utilisation quotidienne des smartphones, téléviseurs, ordinateurs et autres objets connectés est dommageable pour l’environnement, c’est surtout leur fabrication qui utilise le plus de ressources - et surtout l’extraction des matières premières et leur transformation en composants électriques, un désastre écologique. La seule fabrication d’un ordinateur nécessiterait 240 kg de combustibles fossiles, 22 kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau selon des chiffres repris par RFI.
Plus d’appareils et une durée de vie plus courte
Selon les chiffres de l’étude, entre les tablettes, smartphone, ordinateurs, télévisions, consoles de jeu et objets connectés, 34 milliards d’appareils existent dans le monde. Les projections du cabinet GreenIT estiment qu’en 2025, le numérique représentera près de 6% de l’empreinte de l’humanité, contre 2,5% en 2010.
“La façon de consommer a beaucoup changé ces dernières années. Non seulement on change tout plus vite, mais on est aussi beaucoup plus équipé”, précise Olivier Vergeynst, membre du collectif GreenIT France. Fini, l’ordinateur familial qui pouvait tenir 10 ans. Désormais chacun a son propre appareil, qu’il change régulièrement.
L’autre problème, pour le spécialiste, c’est que “le numérique tel qu’on le connaît utilise des ressources non renouvelables et on arrive à bout des réserves de certains métaux”. L’antimoine, par exemple, devrait disparaître d’ici une dizaine d’années. “Ces matières sont nécessaires pour les circuits, les écrans. Pour l’instant, on n’a pas d’alternative”, ajoute Hugues Ferreboeuf, directeur de projet numérique au sein du think tank The shift project.
Carton rouge pour les géants de la High-Tech, accusés par Greenpeace d'être coupables d'obsolescence programmée https://t.co/tDNSvSEU3m
— Le HuffPost (@LeHuffPost) June 27, 2017
Attention à la batterie
Il existe pourtant des solutions, comme nous l’assure celui qui travaille aussi pour GreenIT en Belgique. Et la première consiste tout simplement à augmenter la durée de vie des appareils numériques, en préférant remplacer des pièces défectueuses plutôt que d’en acheter de nouveaux. “Dans ce cas, c’est l’utilisateur qui entre en jeu, puisque c’est lui qui prend la décision consciente de renouveler ou non un appareil qui fonctionne encore”, remarque de son côté Hugues Ferreboeuf.
“À l’achat, pour le matériel de bureau, il faut se tourner vers les écolabels comme Epeat ou TCO, qui garantissent une bonne réparabilité”, conseille Olivier Vergeynst. Pour les téléphones, “il n’y a pas d’écolabel, mais la marque Fairphone permet de réparer tous les éléments et donc d’augmenter la durée de vie de l’appareil. Plus généralement, il faut au moins regarder si on peut facilement changer la batterie, élément qui s’abîme le plus vite”, complète le spécialiste.
Car, dans le cas contraire, l’opération est tellement compliquée qu’elle peut coûter plus chère que d’acheter un nouveau téléphone, nous précise Hugues Ferreboeuf. Pour la faire tenir plus longtemps, il suffit d’adopter quelques réflexes, comme celui de “ne pas brancher son appareil tant que la batterie n’est pas complètement vide”, ajoute-t-il.
Les mises à jour régulières ont aussi un impact sur l’obsolescence rapide de nos appareils, constate Hugues Ferreboeuf. Le mieux est de faire uniquement celles nécessaires ou désirées. “Le problème, c’est que pour les smartphones, les fournisseurs ne laissent pas le choix”, regrette le membre du think tank The shift project.
Le made in France inutile
Le reconditionnement est également une bonne alternative pour l’environnement. Même s’il effraie encore, “il y a de plus en plus de garanties offertes aux entreprises”, nous assure Olivier Vergeynst.
Quid du “made in France” ? “Il a peu d’impact pour les appareils électroniques, car leur empreinte transport est très faible par rapport à celle liée à l’extraction des ressources naturelles”, précise le membre de GreenIT. D’autant qu’il faut aller chercher les métaux ailleurs que dans l’Hexagone et que “la phase de fabrication micro-électrique ne se passe jamais en France”, ajoute Hugues Ferreboeuf.
Le retour à la 2G
Dans son étude, GreenIT recommande de revoir notre rapport à la high tech, en la mettant au services de certaines branches de la société, comme la recherche, la science ou la santé. “À côté de ça, pour les particuliers, on peut envisager de recevoir ses bulletins météo ou ses billets de train par sms,”, complète Olivier Vergeynst.
Ainsi, les applications qui nécessitent la 3G ou la 4G peuvent être remplacées par de simples messages pour lesquels la 2G suffit. “Il faut se servir autant que possible de la technologie la plus basse. Puisque les ressources sont épuisables, nous devons mieux les utiliser”, conclut le spécialiste. Mais pour cela, le changement doit venir d’en-haut et la loi doit “jouer un rôle, en créant des obligations de réparabilité, par exemple”.
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