BT discute avec EE ou O2 pour revenir dans le mobile

BT Group a engagé des discussions avec Telefonica en vue d'un possible rachat de l'opérateur mobile britannique O2 et deux sources ont déclaré que BT avait aussi entamé des pourparlers avec EE, filiale commune d'Orange et Deutsche Telekom. /Photo d'archives/REUTERS/Darren Staples

par Paul Sandle et Julien Toyer

MADRID/LONDRES (Reuters) - BT Group a été approché par Telefonica, le propriétaire de l'opérateur mobile O2, et par les deux actionnaires d'EE, Orange et Deutsche Telekom, en vue d'une alliance qui créerait un nouvel acteur de premier plan à la convergence de la téléphonie fixe, du mobile et de la télévision.

Le projet de l'ancien monopole britannique des télécommunications de développer ses activités mobiles à partir de l'an prochain semble avoir joué le rôle de catalyseur de la consolidation du marché, que se partagent aujourd'hui quatre réseaux et quatre grands fournisseurs haut débit.

Les opérateurs cherchent ainsi à s'adapter à l'évolution des comportements des consommateurs, qui prisent de plus en plus les abonnements groupés réunissant téléphonie fixe, mobile, accès internet et télévision, au détriment des opérateurs spécialisés.

"BT a joué très brillamment la partie jusqu'à présent", a déclaré un banquier spécialiste du secteur. "Il a brandi la menace d'une entrée sur le marché mobile et créé une situation obligeant EE et Telefonica à s'asseoir à la table des négociations. Maintenant, BT va les jouer l'un contre l'autre puisqu'aucun de deux ne voudra être laissé de côté dans le haut débit."

Des dirigeants de Telefonica, Orange et Deutsche Telekom ont déclaré la semaine dernière que la stratégie de leur groupe en Grande-Bretagne dépendrait entre autres du degré d'agressivité de BT dans le mobile et de l'intérêt des clients pour les offres groupées.

Mais il apparaît aujourd'hui qu'ils ont déjà entamé les discussions avec BT en vue d'une alliance, voire d'une cession de leurs activités mobiles.

"Il se pourrait que le moment soit arrivé où l'engagement sur le marché mobile britannique finit par s'affaiblir et où l'on assiste au début du désengagement des maisons mères", commentent les analystes de Citigroup dans une note, en rappelant que les marges des opérateurs au Royaume-Uni sont inférieures à celles engrangées sur d'autres marchés.

TELEFONICA ACTIONNAIRE DE BT?

Telefonica et BT Telefonica et BT ont confirmé l'existence de discussions à un stade préliminaire après les informations du site internet espagnol El Confidencial selon lesquelles l'espagnol pourrait céder O2 à BT en échange d'une participation de 20% dans le britannique.

BT a ajouté être également en discussion avec un autre opérateur mobile, que deux sources proches du dossier ont identifié comme étant EE.

"Toutes les discussions sont à un stade très préliminaire et il est impossible de certifier qu'une opération aura lieu", a ajouté BT dans un communiqué.

Telefonica a déclaré qu'O2 restait un actif stratégique mais il n'a pas exclu des cessions d'actifs pour atteindre son objectif de réduction de son endettement à moins de 43 milliards d'euros en fin d'année.

Un accord entre l'espagnol et BT permettrait à ce dernier de reprendre en partie le contrôle sur O2, son ex-filiale mobile scindée en 2002 et rachetée par Telefonica en 2005.

L'espagnol avait déboursé 18 milliards de livres à l'époque mais des analystes estiment aujourd'hui qu'O2 vaut un peu moins de dix milliards.

Sur la base d'une capitalisation de 31 milliards pour BT et d'une estimation de neuf milliards pour O2, une opération intégralement payée en titres permettrait à Telefonica de prendre environ 22% du capital de BT.

EE, de son côté, peut se targuer d'une première place sur le marché britannique du mobile, dont il détenait 33,8% en terme de chiffre d'affaires à la fin du deuxième trimestre selon une récente étude de Citigroup, contre 26,5% pour Vodafone, 26,2% pour O2 et 10,2% pour Hutchison.

Dans le haut débit, BT est en tête avec 32,1% du marché national, devant BSkyB (22,8%), Virgin Media, filiale de Liberty Global (19,8%) et TalkTalk (18,3%).

Deutsche Telekom et Orange, qui ont gelé cette année leur projet d'introduction en Bourse d'EE, ont refusé de commenter le dossier.

(avec Robert Hetz; Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)