Tchad : la “candidature prétexte” de Succès Masra est “une farce”

À peine la date de la présidentielle au Tchad [le 6 mai prochain] est-elle connue que les candidats commencent à sortir du bois. En effet, après la candidature du président de la transition [et fils d’Idriss Déby, président de 1990 à 2021] Mahamat Idriss Déby, c’est au tour du Premier ministre, Succès Masra, d’annoncer qu’il briguera la magistrature suprême.

Il a répondu favorablement à son parti, Les Transformateurs, qui l’a investi candidat le 10 mars dernier à N’Djamena. “Je réponds présent comme candidat à l’élection présidentielle […] pour réparer les cœurs et réunir le peuple”, a-t-il déclaré.

S’il est vrai que, juridiquement, rien n’interdit à Succès Masra de se porter candidat à la présidentielle du 6 mai prochain, force est de reconnaître que c’est l’une des rares fois dans l’histoire du Tchad que l’on verra un président sortant et candidat à sa propre succession et son Premier ministre s’affronter dans les urnes.

En tout cas, de là à voir une mise en scène savamment orchestrée, c’est un pas que d’aucuns ont vite fait de franchir. C’est le cas de l’opposition tchadienne, qui, sitôt après l’annonce de la candidature de Succès Masra, a dénoncé “une candidature prétexte” destinée à donner un semblant de pluralité à un scrutin dont le vainqueur est connu d’avance. Et elle n’a pas tort.

Retournement de veste

Car on voit mal comment Succès Masra, qui est rentré d’exil dans les conditions que l’on sait, et qui a battu campagne en faveur du oui au référendum qui a ouvert la voie à la candidature de Déby fils, peut oser tailler des croupières à celui qui passe pour être désormais son mentor. [Alors en exil et sous le coup de lourdes inculpations très diverses, Succès Masra était rentré au Tchad en janvier dernier. Il avait appelé à voter le projet de réforme constitutionnelle, puis avait été nommé Premier ministre d’un président à qui il s’était toujours opposé. C’est par exemple son parti qui avait appelé à la marche d’octobre 2022, réprimée dans le sang, contre la prolongation de la transition de deux ans.]

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