De "Taxi Driver" à "Pulp Fiction", ces films inspirés par Jean-Luc Godard

Une scène culte de
Une scène culte de

Agitateur de la Nouvelle Vague, il a dynamité les codes du cinéma avec des films résolument novateurs, d'A bout de souffle à Sauve qui peut (la vie): le cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard est mort mardi à l'âge de 91 ans, emportant avec lui un pan de l'histoire du 7e art.

Avec sa mort, un chapitre de l'histoire du cinéma se clôt. Il laisse derrière lui quelques plans inoubliables: Bardot nue sur un lit, susurrant "Tu les aimes mes fesses ?" (Le Mépris), Belmondo le visage barbouillé de bleu, bardé de dynamite (Pierrot le Fou), Jean Seberg et son New York Herald Tribune vendu à la criée sur les Champs-Elysées (A Bout de souffle)...

Pour beaucoup de cinéastes (Martin Scorsese, Takeshi Kitano, Agnès Varda, Leos Carax), par sa liberté, son affranchissement des formes, Godard a eu une influence majeure, comme l'expliquait l'émission Blow Up il y a quelques mois. A tel point que Quentin Tarantino a baptisé sa maison de production "Bande à Part", le titre d'un film de Godard sorti en 1964. Voici quelques clins d'œil de ces cinéastes à Godard.

"À bout de souffle" (1960) / "Bon à rien" (1960)

Polar japonais écrit et réalisé par Yoshishige Yoshida sorti quelques mois après A bout de souffle, Bon à rien rend hommage à l'ultime scène avec Jean-Paul Belmondo dans le classique de Godard. Le cadrage est similaire, avec la caméra qui suit un personnage en train de tituber dans une rue vide.

"Une femme est une femme" (1961) / "Before sunrise" (1995)

Jean-Claude Brialy et Anna Karina forment dans Une femme est une femme un couple qui s'aime et se déchire à l'aide de couvertures de romans. Trois décennies plus tard, Ethan Hawke et Julie Delpy tombent amoureux l'un de l'autre dans un train en usant du même stratagème.

"Le Mépris" (1963) / "Les Choses de la vie" (1969)

Dans Le Mépris, Jean-Luc Godard filme une lettre de rupture en gros plan. Six ans plus tard, Claude Sautet filme une scène similaire dans Les Choses de la vie.

"Bande à Part" (1964) / "A Bande Apart" (1994)

Fasciné par Bande à part de Godard, Quentin Tarantino baptise sa société de production en s'inspirant de ce film. Ce nom, pour le réalisateur américain, est censé marquer son indépendance de caractère et de style face aux autres cinéastes. Un hommage assez peu apprécié de Godard qui avait lâché sur France Inter en 2017: "Tarantino a nommé sa société de production d'après un de mes films [Bande à part]. Il aurait mieux fait de me donner de l'argent".

"Bande à Part" (1964) / "Pulp Fiction" (1994)

La fameuse danse de Claude Brasseur, Anna Karina et Sami Frey dans Bande à part a inspiré la tout aussi célèbre danse d'Uma Thurman et John Travolta de Pulp Fiction de Quentin Tarantino.

"Bande à Part" (1964) / "The Dreamers" (2003) / Visages Villages (2017)

Autre séquence fameuse de Bande à part: une visite express au musée du Louvre. La scène sera reprise dans deux autres films: The Dreamers de Bernardo Bertolucci et Visages Villages d'Agnès Varda et JR.

"Une femme mariée" (1964) / "Boy Meets Girl" (1984)

Leos Carax, qui a commencé, comme Godard, en tant que critique aux Cahiers du Cinéma, a glissé plusieurs références au réalisateur franco-suisse dans ses films, et notamment dans son premier, Boys Meets Girl.

"Pierrot le Fou" (1965) / "Jugatsu" (1990)

Pierrot le fou a inspiré une scène de Jugatsu, le deuxième film réalisé par Takeshi Kitano. On y suit un jeune homme dont l'entraîneur de baseball est menacé par un yakuza et qui décide de se rendre avec un ami sur l'île d'Okinawa. Dans Pierrot le fou, le personnage incarné par Belmondo fuit aussi la capitale pour se réfugier au vert après avoir réalisé des malversations avec des mafieux.

"Deux ou trois choses que je sais d'elle" (1966) / "Taxi Driver" (1976)

Le gros plan serré d'une tasse de café dans Deux ou trois choses que je sais d'elle a notamment inspiré un gros plan tout aussi hypnotique d'un verre d'aspirine dans Taxi Driver de Martin Scorsese.

"La Chinoise" (1967) / "Greetings" (1968)

Brian de Palma, avant de réaliser des pastiches d'Alfred Hitchcock, s'est inspiré de Jean-Luc Godard dans un de ses premiers films, Greetings.

Dans ce film méconnu du réalisateur de Scarface, Robert de Niro lit face caméra un pamphlet politique, comme Jean-Pierre Léaud qui lisait le Petit Livre rouge de Mao dans La Chinoise.

Article original publié sur BFMTV.com