Tarek Yamani, rythmes à la joie

Sur «Peninsular», le pianiste libanais s’inspire des racines noires communes de la musique khaliji et du jazz pour tisser des cadences raffinées.

De Ziad Rahbani à Bachar Khalifé, de Zad Moultaka à Philippe El Hage, les pianistes sont légion au Liban, pays de l’oud roi, et si beaucoup ont été formés aux rigueurs du classique, la plupart ont très vite tâté des autres musiques : les bandes-son populaires ou savantes du Moyen Orient comme les idiomes afro-américains. C’est dans ce sillon que s’inscrit l’autodidacte Tarek Yamani, à la différence qu’il n’est pas l’héritier d’une lignée artistique. Lui a commencé sur un clavier jouet, en reprenant les mélodies diffusées à la télé, avant de prendre des leçons particulières, et de mettre la main sur un «jazz piano book», sa Bible, pour se saisir des subtilités chromatiques. Suivant pareille méthode empirique, le jeune homme traversera l’Atlantique en juillet 2011, avec «deux sacs et aucune connexion», pour s’installer à New York, la Mecque du jazz, après qu’une de ses compositions, drôlement alambiquée, venait d’être gratifiée par le prestigieux institut Thelonious Monk. Sept ans plus tard, Tarek Yamani a sérieusement avancé dans le monde des «noires et ivoire», à la force du poignet, apprenant de ses «tâtonnements et erreurs». Ses deux premiers disques traçaient déjà son désir de combiner les modalités et rythmes orientaux aux harmonies du jazz, dans une écriture extrêmement mélodique, notamment à travers une relecture des mouachah, forme poétique de l’âge d’or de la musique arabo-andalouse. Cette fois, après avoir vécu dix-huit mois à Dubaï, celui dont les ancêtres viennent du Yémen («mon nom en est la preuve !») est revenu à Harlem avec, dans ses bagages, un troisième album ancré dans la musique khaliji, marquée par l’omniprésence rythmique - 36 rythmes qu’il recense dans le livre The Percussion Ensemble of the Arabian Peninsula. De cette apnée, il en ressort de vrais petits trésors, qui outrepassent les tics d’une (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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