Tantra : ces pratiquants ont des conseils pour celles et ceux qui veulent se lancer, ou s’intéressent à la pratique

Ces amateurs de tantra livrent leurs conseils à celles et ceux qui veulent se lancer.
ilustro / Getty Images Ces amateurs de tantra livrent leurs conseils à celles et ceux qui veulent se lancer.

SPIRITUALITÉ - Ouverture aux autres, provoquer des émotions, massages… et sexualité ? Si le tantra est souvent associé au sexe dans l’imaginaire collectif, il reste, dans sa globalité, une pratique assez large et difficile à définir, du propre aveu de Guillaume, animateur et pratiquant. Mais il tente une explication : « On va danser, il y aura des temps de parole, des exercices de développement personnel... Mais expliquer la pratique à plat ne fait pas sens »»

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Pour y voir plus clair, Le HuffPost a contacté Laurent Lacoste, codirigeant du Skydancing tantra, l’une des principales écoles de néotantra, afin qu’il nous explique à quoi correspond le tantra actuel. Originaire des textes hindouistes et bouddhistes, « le néotantra est une interprétation occidentalisée et commerciale du tantra traditionnel, c’est-à-dire de formes anciennes de spiritualité, de philosophie et de religion », nous dit-il.

Concrètement, le néotantra se pratique au cours de stages ou d’ateliers, autour d’un animateur, durant desquels les participants sont amenés à faire des exercices de méditations, de chants, de danses, des massages - entre autres -, en interaction les uns avec les autres, où la nudité est parfois proposée. Mais cette pratique ne « véhicule pas de dogme », ajoute Laurent Lacoste. Son objectif ? Les exercices ont pour but de déclencher des émotions, afin de « se libérer de concepts et de croyances, pour pouvoir prendre de vraies décisions pour soi dans la vie », ce qui permettrait d’accéder in fine à un état de détente permanent.

Une proposition que certains trouveront aussi attrayante qu’intimidante. Le HuffPost a demandé à deux pratiquants de livrer des conseils aux personnes qui s’y intéressent, ou souhaitent se lancer dans l’expérience.

Le cadre d’un atelier

Le principal risque du néotantra est de tomber sur des personnes malveillantes. La pratique est en effet dans le viseur de la Miviludes, et certains stages où le tantra était mentionné ont fait l’objet de dérives sectaires. C’est par exemple le cas d’Atman, une secte internationale de Yoga Tantrique, démantelée en 2023. Son gourou, Gregorian Bilovaru, pratiquait des rites d’initiations sexuelles sous couvert de « yoga tantrique ».

Pour éviter cet écueil, Guillaume rappelle l’importance de bien choisir un organisme, et un animateur. Il conseille de se renseigner en avance sur le parcours de ce dernier, et de se poser certaines questions : « Est-ce qu’il est affilié à un groupe d’animateurs ? Est-ce qu’il a une supervision ? Est-ce qu’il est référencé par d’autres animateurs ? »

Il faut également s’attarder sur le cadre qu’il propose, qui doit être « explicitement posé sur le site internet ». Certaines choses peuvent y être assurées, comme la confidentialité, le fait qu’il n’y ait pas de rapport sexuel, ou d’obligation de faire une pratique.

Si le cadre est si important, c’est qu’il faut « se sentir en sécurité » pendant une expérience tantra, explique Guillaume : « C’est quelque chose de très mobilisant qui peut faire remonter des traumatismes. » Laurent Lacoste précise le propos : « Des pratiques, comme des exercices de respiration intense, peuvent venir faire tomber certaines défenses. On travaille sur les émotions avec le tantra, et ça peut faire remonter des traumatismes. »

Se sentir en sécurité est d’autant plus important quand on sait que la nudité est parfois proposée lors des exercices - mais jamais imposée selon nos témoins. Si l’idée de se mettre à nu peut surprendre les non initiés, cela a pourtant un objectif, selon Laurent Lacoste : « On pousse un peu les limites de ce qui est accepté socialement pour venir déclencher des émotions. »

« Lâcher le mental »

Après avoir vérifié l’organisme où vous mettez les pieds, vous pouvez vous poser des questions sur vos envies, comme le conseille Guillaume. Selon lui, la règle la plus essentielle avant de se lancer, « c’est vraiment de prendre le temps de sentir, de questionner son désir, et de savoir pourquoi on souhaite faire du tantra ». Selon Laurent Lacoste, la plupart des personnes qui vont dans un stage de neotantra « y viennent pour travailler sur leur relation à l’autre ou aux autres », même si « ce n’est pas forcément le but » de la pratique.

D’autant plus que certaines choses peuvent surprendre lors d’une initiation. Guillaume reprend : « Beaucoup de nouveaux arrivent en ayant peur et en étant stressés. Il faut faire des micros pratiques de mise en lien pour permettre à la personne de s’intégrer et de se détendre. »

Des difficultés peuvent par exemple survenir lors de méditations, car certaines personnes n’arrivent pas à « lâcher le mental », selon Nathalie, habitante de Bagneux de 56 ans, qui pratique depuis neuf ans. « On va alors faire des méditations actives, en plusieurs étapes, avec un retour au calme à la fin », continue-t-elle.

Pas de pratiques imposées

Au final, si beaucoup ont de l’appréhension, « les gens se surprennent à faire des choses qu’ils auraient cru ne pas pouvoir faire », avance Nathalie. C’est aussi son cas, au sujet de la nudité. Elle n’aurait jamais imaginé pouvoir se montrer nue devant tant d’inconnus : « À l’époque, ça me choquait que des gens fassent des exercices de trantra nues sans se connaître. Mais j’y arrive finalement, et j’étais vraiment contente car les sensations ne sont pas les mêmes. »

Nos deux pratiquants assurent d’ailleurs que le tantra est idéal pour les personnes complexées avec leur corps, comme c’était le cas de Nathalie : « Je me suis rendu compte que les gens ne fuyaient pas mon corps du regard. » D’autres pratiques peuvent mettre mal à l’aise, comme la danse, ou tout simplement interagir avec des inconnus. Mais tous deux assurent que toutes les précautions sont prises pour que le participant se sente au mieux.

L’animateur lui pose par exemple des questions sur comment il se sent avec telle ou telle pratique, avant le début du stage. Aucun exercice n’est imposé, et Il existe même un espace pour les personnes ne souhaitant pas prendre part à une activité. « On peut aussi remodeler une pratique, sans contact physique ou sans nudité », ajoute Guillaume.

Jamais de rapport sexuel

Quid du sexe ? Nos trois témoins assurent n’avoir jamais vu de stages ou d’ateliers où la sexualité était présente. Mais Laurent Lacoste n’affirme pas à 100 % qu’elle n’est jamais proposée. « Je pense que dans les années 1980, au sortir de la révolution sexuelle, ça a pu exister. Aujourd’hui, je ne connais pas de d’animateur qui autorise des rapports sexuels en leur présence. Mais j’ai entendu dire que ça se fait. J’espère que cela est rare », explique-t-il, puis avance : « Tout le monde peut se décréter enseignant de tantra et proposer n’importe quoi. »

En tout cas, la confusion entre tantra et sexualité existe dans l’imaginaire. Une autre raison pourrait l’expliquer : le sexe en tant que partie du corps n’est pas tabou. « On est inclusif au niveau du corps, comme dans le massage tantrique, où on ne fera pas le tour du sexe », explique Nathalie avant d’être complétée par Guillaume : « Ça ne veut pas dire se masturber. »

Ce dernier explique également ce que l’on entend par orgasme tantrique : « C’est le fait de sentir l’énergie circuler en soi et se déployer. On n’a pas besoin de stimuler les organes génitaux. On peut l’avoir en observant un paysage ou en ayant seul une pratique énergétique. » Il concède néanmoins que cela semble très flou quand on ne l’a pas vécu, mais nous glisse qu’il existe des « techniques extrêmement simples » pour atteindre l’extase, comme des « exercices de respiration axés sur la présence », qui peuvent être accompagnés de massages.

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