Taha Bouhafs va pouvoir s'expliquer avec LFI, après les accusations de violences sexuelles en interne

Le reporter Taha Bouhafs, en février 2020. - JOEL SAGET / AFP
Le reporter Taha Bouhafs, en février 2020. - JOEL SAGET / AFP

Le journaliste-militant avait annoncé le retrait de sa candidature aux élections législatives le 10 mai dernier. Il est accusé en interne de violences sexuelles. Il regrettait, jusqu'ici, de ne pas se voir offrir la possibilité de se défendre.

Cinq mois d'attente pour Taha Bouhafs. Selon nos informations, le journaliste-militant va enfin pouvoir s'expliquer avec la France insoumise (LFI), cinq mois après que le parti l'a poussé à retirer sa candidature aux élections législatives dans le Rhône en raison de signalements en interne de violences sexuelles.

Au-delà du simple fait d'être entendu, Taha Bouhafs pourrait prendre connaissance d'éléments concrets du dossier d'après nos informations. "Mais nous n’aurons pas vocation à la fin de dire s’il est coupable ou innocent. C’est le rôle de la justice, pas le nôtre", prévient le cadre de LFI. Pour l'instant, la justice n'a pas été saisie et les femmes concernées n'ont pas déposé plainte.

"J'ignore ce dont on m'accuse, je n'ai jamais été confronté aux accusations", avait déploré Taha Bouhafs en juillet dernier.

Une première version très différente

La décision du retrait de sa candidature avait été rendue officielle le 10 mai dernier, soit un mois avant le premier tour des législatives. Taha Bouhafs avait justifié son retrait par une "tempête d'attaques sans précédent" à son encontre. En cause, selon lui: sa condamnation pour injure publique en 2020, après avoir traité une syndicaliste policière "d'arabe de service". Les critiques venaient même de son propre camp.

Au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), Fabien Roussel avait ainsi demandé à LFI de "revoir" sa candidature pour "créer les conditions de gagner" dans la circonscription. Une façon de mettre en avant la candidature de Michèle Picard, maire communiste de Venissieux (Rhône) à laquelle le militant avait été préféré.

Au départ, les insoumis défendaient becs et ongles Taha Bouhafs. Jean-Luc Mélenchon estimait par exemple qu'il était victime "d'une meute qui s'est acharnée contre lui". Changement de ton dès le lendemain du retrait, le 11 mai, après des révélations de BFMTV, selon lesquelles Taha Bouhafs est visé en interne par un signalement pour des faits de violences sexuelles.

"Une décision politique immédiate"

En cause: le témoignage d'une jeune femme transmis quelques jours auparavant au Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de LFI. Cette dernière raconte à l'oral, puis à l'écrit, avoir été victime de faits sexuels graves de la part de Taha Bouhafs. Peu après, une seconde femme effectue également un signalement.

"Face à l’urgence des élections législatives, nous avons dû prendre une décision politique immédiate: ne pas donner l’investiture, voire l’immunité parlementaire, à l’un de nos membres accusés de faits graves", explique ainsi un cadre du parti à BFMTV.

Taha Bouhafs demandait, lui, une "justice juste et équitable", lui permettant de savoir de ce qu'on lui "reproche exactement". Le militant des quartiers populaires avait également mis en cause la députée LFI Clémentine Autain, affirmant que l'élue lui avait proposé d'annoncer qu'il retirait sa candidature aux législatives "à cause des attaques racistes" et non des accusations. Une version démentie ensuite par la principale concernée sur le plateau de BFMTV.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Clémentine Autain, à propos de l'affaire Taha Bouhafs: "Les femmes qui ont témoigné ne voulaient pas que cela soit sur la place publique"