Tags d’étoiles de David en France : les enquêteurs sur la piste d’une opération commandée depuis la Russie

Une façade d’immeuble dont la façade est recouverte d’étoiles de David peintes pendant la nuit, dans le quartier Alésia à Paris, le 31 octobre 2023.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Une façade d’immeuble dont la façade est recouverte d’étoiles de David peintes pendant la nuit, dans le quartier Alésia à Paris, le 31 octobre 2023.

PARIS - L’enquête sur les étoiles de David taguées sur des murs à Paris et de villes de banlieue prend une tournure inattendue. Comme le révèlent franceinfo et Europe 1 ce mardi 7 novembre, les enquêteurs envisagent désormais la piste d’une tentative de déstabilisation venue de Russie.

À Paris, « l’horreur » des habitants face aux tags antisémites sur les immeubles

Selon les informations d’Europe 1, un certain Anatoli P., géolocalisé en Russie, serait le commanditaire présumé de ces dégradations. Âgé d’une cinquantaine d’années et d’origine moldave, il s’agit d’un militant politique appartenant à un mouvement indépendantiste pro-russe pour l’union douanière eurasiatique. Celui-ci chercherait à déstabiliser la France dans le but de diviser les communautés.

Les enquêteurs ont pu remonter jusqu’à cette personne en plusieurs temps. Tout d’abord après l’interpellation il y a une dizaine de jours d’un couple de Moldaves, surpris en pleine nuit en train de peindre des étoiles de David bleues sur des façades d’immeubles parisiens dans le 10e arrondissement. En garde, à vue, ces deux trentenaires ont avoué avoir agi sur commande d’une personne russe, contre de l’argent. Europe 1 avance la somme d’une cinquantaine d’euros par personne.

Mais c’est quelques jours plus tard que la piste russe va vraiment émerger. Une autre « équipe » est alors soupçonnée d’avoir peint près de 200 nouvelles étoiles de David dans les rues de Paris (notamment le 14e arrondissement) et dans les Hauts-de-Seine, dans la nuit du 30 au 31 octobre. Les membres de cette « mission commando » ont depuis rapidement quitté la France, selon un policier interrogé par franceinfo.

Un juge va enquêter sur un possible commanditaire étranger

Un juge d’instruction a été désigné ce mardi pour enquêter sur cette affaire, a indiqué la procureure de Paris, qui n’exclut pas que ce marquage « ait été réalisé à la demande expresse d’une personne demeurant à l’étranger ». « L’enquête va désormais se poursuivre dans le cadre d’une instruction judiciaire, tant pour identifier les auteurs que pour analyser l’intention ayant guidé cette opération », a précisé Laure Beccuau dans un communiqué de presse.

Selon un policier de la DGSI s’exprimant auprès d’Europe 1, cette manœuvre « s’inscrit parfaitement dans la réponse de la Russie à la France, après l’expulsion, il y a plus d’un an, de 35 diplomates russes ».

La Russie a déjà interféré en France dans un passé récent. Des personnes téléguidées depuis Moscou avaient ainsi été identifiées dans des cortèges de manifestations contre la réforme des retraites.

Dimanche 5 novembre sur BFMTV, le préfet de police Laurent Nuñez a évoqué une « affaire atypique par rapport aux autres actes antisémites » et chiffré le nombre d’appositions de cette étoile de David à 250.

D’après lui, « 257 actes antisémites ont été recensés dans l’agglomération parisienne et 90 personnes interpellées », depuis le 7 octobre, début du conflit entre le Hamas et Israël.

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