Tableau vandalisé au palais de Tokyo: la garde à vue de l'ancien élu FN levée, l'enquête se poursuit
Un ancien élu du Front national a été relâché de garde à vue sans poursuite à ce stade, a indiqué ce vendredi le parquet de Paris auprès de nos confrères de l'AFP, après qu'une information judiciaire a été ouverte mardi à son encontre sur la dégradation d'un tableau au Palais de Tokyo.
Pierre Chassin, chef du groupe Front national au conseil municipal des Mureaux (Yvelines) entre 2014 et 2015, avait été interpellé dimanche puis placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet pour dégradation de bien culturel exposé.
Il était soupçonné d'avoir projeté de la peinture sur l'oeuvre "Fuck abstraction !" de l'artiste suisse Miriam Cahn, taxée de pédopornographie par des détracteurs. Pierre Chassin a ensuite été libéré mardi sans poursuites à ce stade. Les investigations continuent, le parquet ayant confié l'enquête à un juge d'instruction.
Ce dernier "fera procéder aux expertises nécessaires à évaluer l'état psychiatrique et la responsabilité pénale de l'intéressé" avant de décider d'une éventuelle mise en examen, a expliqué le ministère public.
"Un acte de vandalisme" pour Emmanuel Macron
Après les faits, le président Emmanuel Macron a condamné un "acte de vandalisme". "S'en prendre à une oeuvre, c'est attenter à nos valeurs", a-t-il twitté lundi. "En France, l'art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti".
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a pour sa part mis en cause le Rassemblement national, accusé d'avoir mené une "campagne de dénigrement" à l'encontre de cette oeuvre. La ministre avait notamment été questionnée sur le sujet par la députée RN Caroline Parmentier en mars.
Plusieurs associations réclamaient son décrochage
Mais Marine Le Pen a rétorqué ne pouvoir être "tenue responsable d'un fait individuel de quelqu'un qui a été conseiller municipal il y a huit ans" et assuré que Pierre Chassin n'était désormais plus membre du parti.
Exposé dans le centre d'art contemporain parisien depuis la mi-février, le tableau représente une personne frêle aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage.
Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l'artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l'humanité.
Les associations Juristes pour l'enfance, l'Enfance en partage, Face à l'inceste et Innocence en danger, considérant le tableau pédopornographique, réclamaient son décrochage mais ont été déboutées au printemps par le tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d'État.