Tableau vandalisé au palais de Tokyo : un ancien élu FN arrêté

L’ex-élu d’extrême droite Pierre Chassin a été arrêté après la dégradation de l’œuvre polémique « Fuck abstraction ! » de l’artiste suisse Miriam Cahn.

JUSTICE - L’homme arrêté dimanche après la dégradation d’un tableau polémique au Palais de Tokyo est un ancien élu du Front national, a-t-on appris ce lundi 8 mai de source proche du dossier, confirmant une information du Monde, alors que la ministre de la Culture pointe la responsabilité du Rassemblement national.

Contacté par l’AFP, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête pour dégradation de bien culturel exposé, après l’interpellation d’un octogénaire qui a projeté de la peinture sur l’œuvre « Fuck abstraction ! » de l’artiste suisse Miriam Cahn, taxée de pédopornographie par ses détracteurs.

Le Monde a révélé qu’il s’agissait de Pierre Chassin, ancien chef du groupe Front national au conseil municipal des Mureaux (Yvelines) jusqu’en 2015. Il risque 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende, précise le quotidien.

« Rien n’a changé depuis le Front National »

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak, qui avait déjà dénoncé dimanche « l’instrumentalisation » de cette affaire par le Rassemblement national, en a profité lundi pour interpeller Marine Le Pen sur Twitter.

« Un ancien élu FN attaque l’œuvre de Miriam Cahn après la campagne de dénigrement de votre parti », lui a lancé la ministre qui avait été questionnée sur le sujet par la députée RN Caroline Parmentier en mars.

« Et alors que la justice a reconnu que ce tableau, qui dénonce les horreurs de la guerre, peut être exposé. Décidément @MLP_officiel (compte de Marine Le Pen, ndlr), rien n’a changé depuis le Front National ! », s’est-elle indignée.

Lundi matin, Emmanuel Macron aussi est monté en créneau sur Twitter avant la traditionnelle cérémonie de la victoire contre l’Allemagne nazie à l’Arc de Triomphe, suivie d’un hommage à Jean Moulin et à la Résistance à Lyon.

« En ce 8 mai, où nous célébrons la victoire de la liberté, je condamne l’acte de vandalisme commis hier au Palais de Tokyo », a-t-il tweeté. « S’en prendre à une œuvre, c’est attenter à nos valeurs. En France, l’art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti », a ajouté le président.

« Je condamne toutes les dégradations d’où qu’elles viennent », avait répondu Caroline Parmentier sur Twitter, en référence à la mise en cause de son parti par la ministre de la Culture dimanche. « Mais la liberté d’expression c’est aussi celle des représentants de la Nation d’exprimer leur indignation face à des œuvres représentant clairement une scène de pédocriminalité. Sans se faire diffamer par une ministre... », avait-elle ajouté.

Une œuvre « pédopornographique » pour ses détracteurs

Exposé dans le centre d’art contemporain parisien depuis la mi-février, le tableau représente une personne frêle aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l’artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l’humanité.

Les associations Juristes pour l’enfance, l’Enfance en partage, Face à l’inceste et Innocence en danger, considérant le tableau pédopornographique, réclamaient son décrochage mais ont été déboutées au printemps par le tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d’État.

Contactée par l’AFP dimanche, l’association Juristes pour l’enfance a indiqué découvrir la dégradation. « Juristes pour l’enfance et les autres associations (ont) agi comme nous le faisons toujours, en saisissant la justice, en écrivant aux responsables et en informant l’opinion », a-t-elle déclaré.

De son côté, le Palais de Tokyo, qui a annoncé porter plainte, continuera, « en accord avec l’artiste », à « présenter le tableau et l’exposition » visitée par 80 000 personnes « avec les traces de la dégradation jusqu’à la fin prévue de la saison, le 14 mai ».

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