Dans la tête de Marion Montaigne, la célèbre dessinatrice de BD scientifiques

Après la "combi" de Thomas Pesquet, la bédéaste nous emmène côtoyer les dinosaures et les fantasques pionniers de la paléontologie. Elle se livre aussi sur sa propre expérience de dessinatrice de BD scientifiques et de grande curieuse.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°923, daté janvier 2024.

Avez-vous déjà vu le film Le Monde perdu : Jurassic Park ? Marion Montaigne, oui, et pas qu'une fois. Ni même deux ou trois. Elle l'aurait visionné plus de 400 fois selon la légende, ou plutôt son nouvel album Nos mondes perdus, dans lequel s'entremêlent la genèse d'une discipline - la paléontologie - et la naissance de sa propre destinée de dessinatrice de BD scientifiques. Premier réflexe : on se méfie. Puis on rit : on n'est pas sans savoir que l'intéressée adore manier, dans ses planches, l'art de l'exagération comique. Ce sens de l'hyperbole loufoque, de l'exubérance absurde, constitue d'ailleurs l'un des ingrédients principaux de son succès, celui qui lui a valu de recevoir, par exemple, deux fois le prix du public au prestigieux festival de la BD d'Angoulême (en 2013 et en 2018). Il est loin d'être le seul.

"Je suis libre de choisir ce dont je parle"

De quoi est faite la méthode Montaigne ? Pour le savoir, lire Nos mondes perdus, dans lequel, pour la première fois, la dessinatrice dépasse sa pudeur naturelle et se livre sur son parcours personnel, est particulièrement instructif. On peut aussi poser la question à la bédéaste elle-même. Quand elle se met à parler, elle ressemble un peu à son dessin : vif, percutant, brouillon aussi.

On a parfois l'impression que ça part dans tous les sens, que la fin de ses phrases va se perdre dans les méandres de son cerveau qui mouline et qui est déjà en train de rebondir sur la prochaine idée, et dans le volume de sa voix tantôt vive et enjouée, tantôt hésitante et presque intimidée. Puis, alors qu'on pense que le chaos et l'entropie l'ont emporté, surgit une blague bien sentie et on retombe sur nos pieds. "Contrairement à vous, journalistes, je suis libre de choisir ce dont je parle, commence-t-elle par expliquer. Là où vous êtes obligés de traiter l'actualité et, par exemple, de vous coltiner un sujet sur les ondes gravitatio[...]

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