Télétravail : les entreprises espagnoles championnes d’Europe de l’espionnage des salariés

Selon un sondage de Microsoft daté de l’automne 2022 et cité par The Economist, 87 % des employés pensent qu’ils sont tout aussi efficaces qu’au bureau lorsqu’ils travaillent à domicile. Mais seulement 12 % des chefs d’entreprise estiment que leurs équipes restent vraiment productives lorsqu’elles travaillent à distance. Et 85 % des cadres déclarent que la pratique du travail hybride (trois jours au bureau, deux jours à la maison) les rend encore plus méfiants envers leurs employés.

“Certains croient qu’ils sont trompés, d’autres trompent pour rester crédibles”, résume le quotidien espagnol El País. Et nulle part en Europe la “paranoïa de la productivité” n’est plus répandue qu’en Espagne si l’on en croit le rapport de l’agence européenne Eurofound intitulé “Employee monitoring and surveillance the challenges of digitalisation” (“Contrôle et surveillance des employés : les défis de la numérisation”).

“Ce rapport estime que 40 % des entreprises espagnoles ont installé des logiciels espions. L’Espagne est le leader européen du suivi algorithmique de l’activité professionnelle, devant l’Allemagne (15 %), la France (25 %) et le Royaume-Uni (26 %).”

Un chiffre calculé d’après les données fournies par les entreprises elles-mêmes ainsi que d’après le niveau de facturation des fournisseurs de ce type de solutions informatiques. Il est d’autant plus remarquable que les entreprises espagnoles sont loin d’être les mieux classées en Europe en matière de digitalisation, souligne José Varela, du syndicat UGT. Le syndicaliste rappelle en outre qu’en Espagne les travailleurs ont le droit de savoir s’ils sont surveillés et que les directions ont l’obligation, depuis 2021, d’informer le comité d’entreprise des algorithmes qui sont utilisés en matière d’organisation du travail.

Déficit de confiance

“Si une entreprise met en place un logiciel espion, elle doit être consciente des conséquences. C’est une décision qui change le contrat social avec les employés, un signe clair que l’équipe n’est plus considérée comme digne de confiance – et ces sentiments deviennent réciproques”, explique Ayelet Fishbach, qui enseigne les sciences du comportement à la Booth School of Business de l’Université de Chicago.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :