"Un système à mettre à terre" : Vahina Giocante dénonce le comportement abusif de Benoît Jacquot
La comédienne dénonce, dans une interview accordée à TF1 et dans un livre à paraître, le comportement abusif du réalisateur déjà accusé par Judith Godrèche.
Un mois après les accusations de Judith Godrèche contre Benoît Jacquot, la comédienne Vahina Giocante a également dénoncé le comportement abusif du réalisateur dans une interview accordée dimanche 24 mars à TF1 en préambule à la sortie de son livre À corps ouvert, à paraître cette semaine.
"C'est le seul réalisateur que je nomme dans (mon) livre. J'ai décidé de le nommer pour appuyer (la) parole (de Judith Godrèche). Pour me mettre à ses côtés, derrière elle. Et c'est le seul que j'ai nommé, parce que j'ai été très choquée par son arrogance", explique l'actrice qui dénonce son comportement sur le tournage de Pas de scandale en 1999.
Vahina Giocante avait alors 17 ans. Sur le tournage, elle a l'impression, face à Benoît Jacquot, d'être "une proie face à un prédateur". "On me prévient que Benoît Jacquot aime bien les très jeunes femmes. Et je sens un peu effectivement son énergie de séduction", confie la comédienne.
"Très vulnérable"
Pour les besoins d'une scène, le réalisateur demande à l'actrice de retirer sa culotte. "Je dis non. Il n'y a aucune justification pour que je l'enlève. Et il me dit: 'Tu ne discutes pas. C'est mon film. C'est comme ça'." "Furieuse" mais aussi "très vulnérable", elle se rend dans sa loge et demande à l'habilleuse "d'avoir une culotte couleur chair ou un string pour ne pas être sans rien": "Elle a un peu peur mais elle cède."
Sur le plateau, Vahina Giocante joue la scène. "Lui pense que je suis cul nu. Moi j'ai gagné. Et il me regarde avec son air en biais. Puis quand on a fini, il vient me voir et me dit: 'Tu vois quand tu veux, ce n'est pas si difficile.' Et je sens à ce moment-là ce rapport de domination. Je me sens vraiment salie quand je rentre."
Pendant le reste du tournage, le réalisateur se montre "odieux" envers Vahina Giocante: "Il voit que ça ne marche pas trop avec moi. Et donc un jour il vient me voir et me dit: 'Je ne sais pas si tu as compris mais si tu es gentille tu feras le prochain.' Et je lui réponds: 'mais je ne suis pas une gentille fille, moi'."
"Gentille, c'est ne pas s'opposer, ne pas dire non, ne pas me refuser", précise-t-elle. "Et après il n'a pas été gentil non plus. Il a été odieux pendant le reste du tournage mais au moins j'ai été tranquille. Ça m'a apporté un peu de répit."
"Un système"
Comme Judith Godrèche, Vahina Giocante dénonce "un trafic illicite de jeunes filles" dans le monde du cinéma: "Le monde du cinéma peut être une famille un peu incestueuse à certains endroits", déplore-t-elle avant d'ajouter: "Je pense que ça a été un système."
"Quand on me dit à 17 ans 'méfie-toi parce qu'il aime bien les très jeunes filles', (je me demande) pourquoi c'est à moi de me méfier. Pourquoi ce n'est pas à vous de nous protéger (au lieu de) nous envoyer au casse-pipe. Peut-être qu'on peut collectivement se rendre compte d'un système à mettre à terre. Les personnes se reconnaîtront'."
Dans son livre A corps ouvert, l'actrice vue dans 99 francs et Blueberry raconte également avoir été victime d'inceste de la part de son père pendant son enfance. Et que ce dernier a été condamné à trois de prison dont une année avec sursis pour ces faits.