Syrie: L'Onu prolonge, avec restrictions, l'aide transfrontalière

SYRIE: L'ONU PROLONGE, AVEC RESTRICTIONS, L'AIDE TRANSFRONTALIÈRE

NATIONS UNIES (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté vendredi une résolution prolongeant l'opération humanitaire transfrontalière menée en Syrie pour venir en aide à plusieurs millions de civils, mais pour une durée réduite et en limitant les points de passage afin d'éviter que la Russie n'y oppose son veto.

Depuis 2014, les Nations unies et des ONG livrent de l'aide humanitaire en Syrie via des points de passage aux frontières turque, irakienne et jordanienne autorisés annuellement par le Conseil de sécurité.

Les 15 membres du Conseil ont autorisé la poursuite de l'acheminement de l'aide depuis deux points de passage en Turquie, mais en supprimant les points d'accès depuis l'Irak et la Jordanie, et en limitant l'opération à une durée de six mois contre un an jusqu'alors.

La Russie et la Chine, qui avaient en décembre opposé leur veto à un projet de résolution maintenant quatre points de passage pour une durée d'un an, se sont abstenues.

En réaction, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont elles aussi abstenues, pour afficher leur mécontentement. Les onze autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution.

Sans l'adoption d'une nouvelle résolution, les livraisons transfrontalières d'aide auraient été stoppées vendredi à minuit.

S'exprimant devant les journalistes à l'issue du vote, l'ambassadrice américaine auprès de l'Onu a qualifié la résolution de "très insuffisante".

"Nous avons donné un centimètre aux Russes et ils en ont pris un million", a ajouté Kelly Craft en décrivant les négociations destinées à obtenir un compromis.

"Les Syriens vont souffrir inutilement en conséquence de cette résolution. Ils vont mourir à cause de cette résolution", a-t-elle dit.

D'après l'Onu, près de 3 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie et 1,3 million de personnes dans le nord-est du pays dépendent des opérations humanitaires transfrontalières.

L'ambassadeur belge aux Nations unies, Marc Pecsteen de Buytswerve, a déclaré que le point de passage depuis l'Irak servait à acheminer de l'aide médicale à 1,4 million de personnes. "Il n'y a aujourd'hui pas d'alternative viable à ce point de passage", a-t-il prévenu devant le Conseil avant le vote.

La cheffe de la mission britannique a dénoncé une décision politique de la Russie. "C'est la première fois qu'un membre du Conseil de sécurité choisit de politiser une aide humanitaire", a déclaré Karen Pierce, y voyant "probablement l'un des jours les plus tristes" pour le peuple syrien depuis le début du conflit en 2011.

L'ambassadeur russe à l'Onu a rejeté ces préoccupations, estimant que la situation en Syrie avait changé.

"Tous ces cris d'alerte d'une catastrophe imminente, d'un désastre auquel fera face le nord-est si nous fermons un point transfrontalier sont complètement hors sujet parce que l'aide humanitaire pour cette région provient de l'intérieur de la Syrie", a déclaré Vassily Nebenzia.

(Michelle Nichols; version française Jean Terzian)