En Suisse, Tariq Ramadan de retour devant la justice pour son procès en appel pour viol

Il y a un an, le professeur d’études islamiques avait été acquitté, faute de preuves, après avoir été accusé de viol et contrainte sexuelle pour des faits remontants à 2008.

JUSTICE - « Il n’y a aucune place au doute dans ce dossier », assure les avocats de la plaignante à quelques heures de l’audience. Le procès en appel de l’islamologue Tariq Ramadan débute en effet ce lundi 27 mai à Genève en Suisse, près d’un an après l’acquittement du sexagénaire suisse alors qu’il était poursuivi pour viol et contrainte sexuelle.

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Durant trois jours, la Chambre pénale d’appel et de révision du canton de Genève aura donc fort à faire après un premier procès particulièrement tendu autour des accusations contre Tariq Ramadan. Toutefois son jugement ne sera pas connu tout de suite après la fin de l’audience.

D’ailleurs ce procès n’est pas le seul impliquant Tariq Ramadan, puisqu’une décision en appel devant la justice française l’attend également. Le 27 juin prochain, la cour d’appel de Paris doit en effet se prononcer sur son appel contre son renvoi devant la cour criminelle départementale pour le viol de quatre femmes entre 2009 et 2016, le procureur général ayant requis l’abandon des poursuites pour trois d’entre elles et écarté toute notion d’emprise.

Une procédure française qui avait eu un impact radical sur la carrière médiatique du professeur d’études islamiques contemporaines à la réputation contestée.

Retour en Suisse. Le 24 mai 2023, Tariq Ramadan avait été acquitté de l’accusation de viol et de contrainte sexuelle par le Tribunal correctionnel de Genève, qui avait alors jugé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui dans cette affaire remontant à 2008. Le procureur genevois avait toutefois requis trois ans de prison dont la moitié ferme.

« Le doute devant profiter à l’accusé, Tariq Ramadan devra donc être acquitté », avait finalement conclu le président du tribunal, faisant valoir l’absence de preuves, les témoignages contradictoires, y compris des psychiatres, et les « messages d’amour » envoyés par la plaignante après les faits.

Le tribunal avait également décidé de l’indemniser pour ses frais d’avocats, à hauteur de 151 000 francs suisses (soit près de 152 500 euros), mais avait rejeté sa demande d’indemnité pour tort moral.

Face à cette décision, le Ministère public genevois et la partie plaignante avaient tous les deux fait appel. La plaignante l’accuse de l’avoir soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008. Elle avait porté plainte dix ans après les faits.

Avec cette procédure d’appel, les avocats de celle qui se fait appeler « Brigitte » pour se protéger des menaces attendent beaucoup des trois prochains jours. « Notre cliente est confiante et déterminée, même si chaque audience est une épreuve, qui fait remonter la nuit d’horreur qu’elle a vécue le 28 octobre 2008 », ont ainsi déclaré à l’AFP les avocats de la plaignante, Me Robert Assaël et Me Véronique Fontana.

« Elle attend d’être reconnue comme victime et que le prévenu soit déclaré coupable de viol. Il n’y a aucune place au doute dans ce dossier », ont-ils ajouté, tandis que la défense a refusé de faire des commentaires avant le début de l’audience suisse.

Lors du premier procès, les deux protagonistes avaient affirmé avoir passé la nuit ensemble dans cette chambre d’hôtel, qu’elle avait quitté tôt le matin pour rentrer à son domicile. De son côté, Tariq Ramadan nie tout acte sexuel, expliquant s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange.

Dans ses conclusions, le tribunal avait retenu que le récit de la plaignante était « globalement constant et détaillé », mais avait estimé qu’il n’était toutefois corroboré « par aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l’hôtel ou des constats de lésions traumatiques ou de violences gynécologiques ».

« Il ne fait aucun doute que la plaignante a mal vécu la soirée », avait relevé le président du tribunal, mais « l’existence de ce stress (...) ne permet pas de confirmer la matérialité des faits dénoncés ».

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