La Suisse refuse d'abolir le délit de blasphème

Charlie Hebdo a souvent dû répondre de son insolence devant la justice, mais il n'a jamais été attaqué pour blasphème, puisque la loi française ne le ppévoit pas. - Jack Guez - AFP
Charlie Hebdo a souvent dû répondre de son insolence devant la justice, mais il n'a jamais été attaqué pour blasphème, puisque la loi française ne le ppévoit pas. - Jack Guez - AFP

Le Conseil national suisse a rejeté ce vendredi par 115 voix contre 48 une motion du conseiller Vert'Libéral, Beat Flach, d'abolir le délit de blasphème dans le pays, rélève la RTS. "La liberté d'expression ne s'applique pas sans limite", a estimé la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter.

L'article 261 du code pénal suisse punit en effet le fait de "bafouer les convictions d'autrui en matière de croyance, en particulier de croyance en Dieu". "Il est anachronique qu'un Etat laïc et libéral érige le blasphème en une infraction spécifique", juge de son côté Beat Flach. "D'autres Etats européens l'ont bien compris: le Danemark, la France, la Norvège, l'Islande et Malte ont déjà aboli ce délit de blasphème. Même la catholique Irlande a suivi à la fin octobre 2018 lors d'un référendum."

Protéger le "vivre ensemble"

"L'article 261 ne protège pas seulement le 'vivre ensemble' pacifique de toutes les religions, mais aussi le droit au respect des convictions religieuses. Ce faisant, il garantit également aux minorités religieuses une protection pénale contre les persécutions", rétorque de son côté le Conseil fédéral.

La question du blasphème a resurgi ces dernières semaines après l'assassinat de Samuel Paty qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Lors d'un hommage à l'enseignant, Emmanuel Macron avait fermement défendu la liberté d'expression et le droit de publier des caricatures en France, provoquant de nombreuses manifestations anti-françaises dans le monde musulman.

Article original publié sur BFMTV.com