Suez rejette l'offre de Veolia, qu'il juge inopportune

SUEZ REJETTE L'OFFRE DE VEOLIA

PARIS (Reuters) - Suez a rejeté lundi le projet d'offre d'achat présenté la veille par Veolia en opposant sa volonté d'indépendance à l'intention affichée par son principal concurrent de créer un "champion français" de l'eau et des déchets.

Veolia a proposé dimanche de racheter l'essentiel de la participation d'Engie dans Suez, numéro deux mondial de la gestion de l'eau et des déchets, pour environ 2,9 milliards d'euros, en évoquant la possibilité d'une offre sur le reste du capital.

Le conseil d'administration de Suez, réuni dans la journée, juge que l'offre "non sollicitée" de Veolia est "porteuse de grandes incertitudes" et il a "réitéré à l'unanimité sa totale confiance dans le projet stratégique fortement créateur de valeur de Suez en tant que société indépendante", explique le groupe dans un communiqué.

Il ajoute que "la stratégie proposée engendrerait des disynergies et des pertes d’opportunité en France et à l’international" et estime que "la complexité du processus retenu conduirait à deux années de perturbations opérationnelles au moment où, dans le contexte post-Covid, les équipes sont focalisées sur la mise en œuvre de leur plan stratégique".

Suez estime que l'offre de Veolia "génère des préoccupations sur l'avenir des activités de traitement et de distribution de l'eau en France et sur l'emploi au regard du montant des synergies espérées".

Dans un communiqué diffusé dimanche, Engie a déclaré qu'il allait étudier cette proposition "dans les prochaines semaines".

Les marchés financiers, eux, ont applaudi lundi le projet de Veolia: l'action Suez a bondi de 18,5% sur la journée en Bourse de Paris tandis que Veolia gagnait 5,73% et Engie 4,67%.

Le PDG de Veolia, Antoine Frérot, s'est déclaré convaincu de la réussite de son offre lors d'une téléconférence, tout en soulignant la nécessité de jouer un rôle actif dans la concentration du secteur.

"La concentration va continuer, elle est au début encore, mais nous aurons un jour certainement un acteur global d'origine chinoise", a-t-il dit.

(Marc Angrand, édité par Jean-Stéphane Brosse)